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De l'Allemagne, 1800-1939

  • Art, Dessin
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

En braquant son regard outre-Rhin, le Louvre se penche sur une question aussi complexe que fascinante : l'affirmation du sentiment national en Europe, entre le XIXe et le XXe siècle. Dans une Allemagne géographiquement, politiquement et religieusement morcelée, c'est la notion de « Kultur », avec Goethe dans le rôle du phare, qui cimente les peuples. De l'occupation napoléonienne à l'avènement du nazisme, l'Allemagne réfléchit sur son identité, tentant de trouver dans l'art l'unité qu'elle peine à construire.

Soucieuse de faire dialoguer les disciplines (littérature, cinéma et photographie sont convoqués, tout comme l'art contemporain avec une monumentale gravure d'Anselm Kiefer), l'exposition du Louvre dit le tâtonnement d'une culture qui tente de s'appuyer sur un passé commun pour élaborer son propre vocabulaire. Les peintres prennent Rome et la Grèce pour modèles, s'inspirent autant de Raphaël que de Dürer, s'accaparent Apollon ou Dionysos, et collent Goethe au cœur d’un décor antique (Johann Tischbein), dans un mélange pompeux de patriotisme et d'archaïsme.

Peu à peu pourtant, un langage s'affirme : le château, la forêt, l'eau, le chevalier, la nuit. Les temples grecs se réincarnent dans la cathédrale de Cologne, nouveau symbole utopique d'une Allemagne unie (Carl Hasenpflug), tandis que l'imagerie moyenâgeuse sert de métaphore anti-napoléonienne (Franz Pforr). La peinture de paysage prend une importance immense, cette nature contemplée avec « l'œil de l'esprit » par Caspar David Friedrich dont l'exposition regroupe plusieurs toiles envoûtantes ('Brume matinale dans les montagnes'). Et là encore, le patriotisme point : les artistes germaniques s'émancipent des paysages historiques italiens ou français, introduisant un discours romantique qui assimile la nature à la nation. Discours que la Première Guerre mondiale va toucher de plein fouet, remettant l'homme au centre de l'art.

A l'héroïsme, la fierté et l'éloge de la force succèdent alors la douleur, la souffrance et la mort. Les peintres allemands vont, comme personne, tenter de saisir l'humain. Réunissant les bouleversants Otto Dix, George Grosz, Max Beckmann ou Christian Schad, la dernière salle du parcours dissèque l'homme, empoignant sa faiblesse, sa diversité, sa banalité, sa difformité, loin des canons nazis, qui en feront des artistes dégénérés. Encadrée par le 'Métropolis' de Fritz Lang et le portrait kaléidoscopique du pays que composent les photos d'August Sander, la peinture allemande, contrastée, vibrante, écorchée, avant-gardiste, éclate au grand jour. Tourmentée, torturée, mais enfin libérée. Pour quelque temps au moins.

> Horaires : tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h, nocturnes le mercredi et le vendredi jusqu’à 21h45

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Prix
12 €
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