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Delacroix et l'Antique

  • Art, Sculpture
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Situé dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, le musée Delacroix révèle l'intérêt du peintre pour l'Antiquité grecque et romaine.

Eugène Delacroix est « romantique parmi les romantiques », selon les mots de Théophile Gautier, avec qui il cohabita un temps. Sa palette colorée et sa peinture s'opposent vigoureusement à celles de Jean-Auguste Dominique Ingres, qui lui est un adepte du dessin et du trait. Il incarne de façon ferme ce courant pictural au début du XIXe siècle. Et pourtant, il n'a jamais souhaité être associé à une école spécifique. « Delacroix aura beaucoup souffert de ces dualismes qui structurent implicitement la production comme la réception de la peinture à son époque », remarque Anne Larue dans le catalogue de l'exposition. Par ses idées et ses tableaux, il semble de prime abord assez loin de l'art antique mis au goût du jour par les néo-classiques à la fin du XVIIIe siècle dans des compositions inspirées des bas-reliefs et des statues d'Italie et de Grèce. Mais, et c'est ce que révèle l'exposition, il n'a jamais pu se départir de son influence.

La première salle de l'ancien appartement de l'artiste se consacre à sa découverte livresque et muséale. Delacroix ne voyagea que deux fois dans sa vie, au Maroc en 1832 et en Angleterre en 1825 où il séjourna quelques mois. Lors de ce séjour, il fut ébloui par le British Museum dans lequel il admira les marbres du Parthénon rapportés par Lord Elgin. Le tableau d’Archer Archibald montre d'ailleurs la pièce où ils furent exposés en 1919. On y voit des membres du musée et des visiteurs les découvrir, les dessiner et en parler au centre de la salle. Une vue plus tardive de William Prior, datée entre 1833 et 1857, dévoile une autre présentation de ces fragments antiques. Delacroix possédait également une étude préparatoire à un tableau de Louis Dupré, auteur du 'Voyage à Athènes et à Constantinople'. L'une d'entre elles, intitulée 'L'Acropole. Vue de la maison du consul de France M. Fauvel', est présentée dans l'exposition 'Delacroix et l'Antique'.

Cependant, Delacroix ne copie pas. Il refuse l'imitation que d'autres pratiquent et cela se voit dans ses lithographies de monnaies antiques, où il trace avec passion et frénésie ce qu'il considère probablement plus comme des sujets d'inspiration et des mouvements que comme des études. Il est très difficile en effet d'identifier les modèles tant son dessin est peu précis ou omet certains détails. De plus, il n'inscrit ni l'iconographie, ni le matériau. Voilà de quoi traite la seconde partie du parcours, de façon assez rapide.

Le jardin, qui fut aménagé par le peintre à son arrivée au 6 rue de Furstenberg au printemps 1857, constitue, lui, un point fondamental de la visite car l'on peut y contempler la façade de l'atelier qui vient récemment d'être dégagée. D'ordonnancement classique, elle reçoit trois bas-reliefs : deux métopes du Théseion, temple athénien construit par Phidias au Ve siècle avant notre ère représentant les exploits du héros Thésée et un moulage de la cuve du Sarcophage des Muses, sculpture romaine du IIe siècle de notre ère, aujourd'hui conservé au musée du Louvre. Point d'ostentation comme l'époque le voulait, les reliefs de l'art grec et romain, les deux visages de l'Antiquité, se trouvent dans un lieu fermé et intime. A l'intérieur de l'atelier, quelques carnets de Delacroix dévoilent des dessins réalisés à partir de modèles antiques, tel le 'Torse du Belvédère'. « A son habitude, plutôt que de copier servilement ses modèles, Delacroix les interprète et les recompose », souligne la notice du dessin de 'La Néréide assise sur un cheval marin, enfant nu'. Des éléments datés entre 1817 et 1824, avant la visite du British Museum donc.

Ces recompositions s'animent dans les toiles de Delacroix : la preuve avec les études préparatoires de son cycle pour le palais Bourbon et des 'Scènes des massacres de Scio'. AInsi, comme le conclut Théophile Gautier, grand défenseur du peintre : « L'antiquité, traitée comme l'entend Eugène Delacroix, a toute la nouveauté de l'imprévu (…) Jusqu'à présent, nous n'avions que la silhouette de l'Antiquité, il nous en donne la couleur. »

Écrit par
Virginie Duchesne

Infos

Site Web de l'événement
www.musee-delacroix.fr
Adresse
Prix
6 €
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