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Henri Fantin-Latour

  • Art, Peinture
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Fantin-Latour, austérité, hortensias et regards intimes.

Le réalisme dit-il tout ? Si les œuvres de Fantin-Latour s’efforcent de tout raconter – tout montrer – de leur sujet, des grands événements aux instants les plus fragiles, son art n’en garde pas moins une part de mystère à nos yeux. Et notamment ses natures mortes, importante série de bouquets que le pinceau de l’artiste a empêché de faner.

« Peindre les gens comme des pots de fleurs »

Il faut en ce sens reconnaître à celui qui voulait « peindre les gens comme des pots de fleurs » d’avoir épargné aux moments de sa vie – et à celles de ses illustres proches – le passage du temps. Des tableaux comme l’‘Hommage à Delacroix’ ou ‘Un atelier aux Batignolles’ témoignent en effet du don de Fantin-Latour pour rendre immortelles les figures de l’art les plus connues de son temps. Bien que lui-même soit toujours resté en marge des mouvements esthétiques qui émergeaient autour de lui. Aussi son oscillation du naturalisme à sa passion dernière pour la muse de l’imagination, doublée du but unique qu’il se donnait (l’art), explique peut-être son habileté à rendre vivant un Baudelaire dont on ne peut détourner le regard.

Réalismes austères

Cela dit, ces réunions en grande pompe comme ses rêveries, célébrées dans de savantes compositions, sauraient peut-être nous émouvoir davantage si quelques flétrissures les révélaient aujourd’hui à nous. De même, si les pétales d’hortensias et les fraises duvetées de ses portraits floraux suffisent à éclairer l’attachement du peintre à son sujet de prédilection, on aurait aimé les voir sous un angle nouveau : ré-actualisées, bouleversées, dérangées – difficile d’ailleurs dans cette salle consacrée de ne pas songer aux photographies de Robert Mapplethorpe…

Maîtriser le mystère

Alors des peintures de Fantin-Latour, ces « carrés de silence » dont parle Claudel, on gardera la sensation d’inassouvissement sublime provoquée par ses représentations de la lecture. Si chacune de ses liseuses (souvent une sœur, une épouse ou une proche) paraît dépersonnalisée et impersonnelle, l’absence de communication qui rompt toute relation entre les deux jeunes femmes de ‘La Lecture’ de 1870 donne au tableau l’apparence d’un « collage de silhouettes » (expression utilisée pour décrire ‘Au bord de la mer’). Dont le choix des couleurs frôle néanmoins la perfection et engendre un lien intense entre Charlotte et le spectateur qu’elle fixe.

Il y a également chez Fantin-Latour un art tout à fait étonnant et insondable de peindre les mains minuscules qui tiennent les livres à mille feuilles (‘La Liseuse’, 1865), le regard d’une jeune femme attrapé à la volée (‘La Leçon de dessin dans l’atelier’, 1879), ou encore la béance qui sépare deux personnes assises à la même table (‘La Lecture’, 1877)... Ainsi, qui sait ce que cherchait réellement à dire Fantin-Latour ? 

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

Écrit par
Lola Levent

Infos

Site Web de l'événement
www.museeduluxembourg.fr
Adresse
Prix
12 €
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