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Jan Fabre : Congo

  • Art, Installation
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Une fois de plus, il nous en fait voir de toutes les couleurs. Vert émeraude, mordoré, violet irisé, bleu métallique… Avec ses élytres de scarabées, la partie cornée qui recouvre les ailes de l'insecte, Jan Fabre a trouvé une matière changeante, insaisissable, à la croisée de la peinture et de la sculpture. Il a beau les utiliser depuis maintenant une vingtaine d'années (on se souvient de son sublime plafond réalisé pour le Palais royal de Bruxelles), à chaque fois qu’il travaille ses mosaïques d'insectes, l’artiste flamand réussit à surprendre et à nous émouvoir.

A la galerie Daniel Templon, entre parodie de propagande colonialiste et clin d'œil au 'Jardin des délices' de Jérôme Bosch, Jan Fabre dresse un saisissant « hommage » au Congo et aux terrifiantes exploitations des populations locales dont il fut le terrain. Car c’est bien à cause de ses conditions de travail scandaleuses que ce territoire privé du roi Léopold II devient, à la fin du XIXe siècle et sous la pression internationale (des autres nations impérialistes, c'est dire), une colonie nationale, le Congo belge.

Raconté par les scarabées de l'Anversois, cela donne des pièces sublimes, mais construites à partir des carapaces de milliers d'insectes : la splendeur et la magnificence sculptées dans les restes des morts, comme un écho macabre aux cadavres sur lesquels furent bâtis les fiers empires coloniaux. Ici, les portraits officiels de Léopold II ou du missionnaire Amaat Vyncke émergent parmi des centaines d’élytres brillants, assemblés avec minutie. Ailleurs, des scènes de labeur et d’esclavagisme rappellent les gravures coloniales du XIXe siècle, soudain étincelantes de couleurs. A côté, d’étranges greffes d'oiseaux empaillés, dressés sur des jambes de squelette humain, semblent presque comiques, tout en donnant l'impression que le Congo reste parsemé des ossements de ceux qui ont été sacrifiés pour les rêves mégalomanes d'un roi occidental. Une exposition hantée par la mort et la violence, mais qui dégage pourtant, comme souvent avec Jan Fabre, une terrible beauté, et une ironie tranchante.

> Horaires : du lundi au samedi de 10h à 19h.

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Entrée libre
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