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©Aurélien Mole/Courtesy La Plage, Paris
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Time Out dit

Boulevard Saint-Martin. Pollution sonore et visuelle. Difficile de ne pas le traverser tête baissée. Pourtant, ce serait dommage de le faire car on manquerait la vitrine de La Plage. Alors levez les yeux et suivez les grains de sable en direction de cet espace de 5 m sur 1 m ouvert en octobre 2015. Même s'il n’est pas (encore) possible d’entrer à l'intérieur, sa devanture renouvelle l’idée même d’exposition. La preuve que ce projet miniature, lancé par trois jeunes femmes, toutes artistes, a d'amples ambitions.
Il s'inscrit en effet dans la veine des « projet-spaces », ces espaces ouverts d’où disparaît l’intention commerciale, privilégiant la monstration et l’événement à la vente. Valentina Cipullo, Francesca Mangion et Sini-Rinne-Canto décident d’investir cet espace quasi inexploitable pour provoquer la rencontre directement avec la rue. En imposant aux passants une vitrine, elles cherchent à capter leur regard. Avec cette simple vitre qui expose des œuvres contemporaines, elles repensent la diffusion de l’art, sa visibilité et son public. Une démarche reposant sur la double volonté d’adresser l’art à tous, même celui qui ne va pas vers lui (le passant pressé et peu curieux). Mais qui vise également à offrir aux artistes la possibilité de montrer leur travail dans un contexte frontal et alternatif.

Voir ce qu’il se passe. C’est le maître mot de ces lieux émergents. L’incontrôlé, ce qui va advenir, ce qui va peut-être déborder, ou retomber comme un soufflé, les gens qui vont venir, les mots échangés avec l’artiste… Tout ce qui fait de l’exposition une expérience du présent et de la rencontre. La Plage teste aussi cette expérience-là. En y ajoutant cette donnée spatiale étonnante : on est juste face à une œuvre qui se tient derrière une vitre. Elle utilise en fait un procédé que l’on éprouve absolument quotidiennement, celui de se tenir devant une fenêtre, qu’elle soit virtuelle (celle de notre ordinateur), réelle (au théâtre, au cinéma) ou physique (les vitrines des grands magasins), pour le mettre au service de l’art. On ne regarde plus le prix d’un manteau, ni des corps se parler sur une scène, on regarde une œuvre. Les filles de La Plage inventent ainsi un autre dispositif et nous font éprouver un léger décalage, stimulant pour la pensée et la réception.

Enfin, dans une logique de « non-profit space », le choix des artistes ne se fait ni selon la valeur marchande de l'œuvre ni selon la reconnaissance que cette dernière peut avoir dans le milieu de l’art. Les curatrices privilégient de jeunes artistes, internationaux, dont le travail s’approprie parfaitement leur espace si particulier. Pour leur première monstration, c’est donc le Suédois Ilja Karilampi (jamais exposé en France jusqu'alors) qui ouvre le bal avec une réflexion sur les images de la culture pop. 

Écrit par
Elise Boutié

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25 boulevard Saint-Martin
10e
Paris
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