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Le pouvoir des fleurs - Pierre-Joseph Redouté

  • Art, Dessin
  • 5 sur 5 étoiles
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Un bouquet de beauté pour les esthètes, qu’ils aient ou non la main verte.

« Les passions des artistes sont pareilles aux fleurs, par leur parfum intense et leur courte durée », soulignait l’écrivain espagnol Vicente Blasco Ibanez. Une comparaison également valable pour la renommée de Pierre-Joseph Redouté, peintre botaniste injustement tombé dans l’oubli après le XIXe siècle. Baptisé le « Raphaël des Fleurs », celui que l’on pourrait vulgairement comparer à un Buffon de l’horticulture s’est en effet illustré par son travail de précision oscillant entre science naturelle et beaux arts.

Ornant de ses motifs floraux les accessoires des plus grandes souveraines, de l’Impératrice Joséphine à la reine Marie Amélie, Pierre-Joseph Redouté savait rendre la texture soyeuse d’un grain de raisin ou le velouté d’une pêche dans des compositions imposantes comme dans des aquarelles sur vélins et de fragiles miniatures. L’exactitude de ses planches d’espèces rares, de la Centaurée de Salamanque à la Primevère de Perse, la finesse des piquants de son cactus royeni, l’aspect soyeux des pétales de son pavot d’Orient ou encore son subtil pistil sont autant d’éléments démontrant l’étendue d’une virtuosité qui méritait (enfin !) de prendre la lumière. Certes les couleurs de ces pièces majoritairement prêtées par le muséum d’Histoire naturelle sont parfois fanées, passées au pastel sous l’action du temps – ce qui amènera à un renouvellement saisonnier de l’accrochage. Mais les végétaux de cet herbier magistral demeurent bien vivaces, à l’apogée de leur éclosion.

La graine de son inspiration a porté ses fruits à foison

Que l’on ne s’y trompe cependant pas : Pierre-Joseph Redouté n’est pas le sujet central de cette exposition. L’artiste, comme les tableaux de quelques-uns de ses contemporains, les porcelaines de Sèvres, les éventails en nacre, les porte-bouquets à la mode de l’Ancien Régime et les autres 250 objets présentés ne sont qu’un prétexte pour évoquer le véritable thème floral. Repris par des artistes de notre siècle, celui-ci prend d’ailleurs possession du moindre espace du musée de la Vie Romantique, fleurissant au sein des collections permanentes, se fondant dans le paysage et s’épanouissant en toute logique jusque dans les jardins. 

Du ‘Magnolia’ en bronze et porcelaine de Samuel Mazy aux ‘Etamines’ en grès noir de Corinne Dorlencourt, des ‘Hibiscus’ en papier sulfurisé de Ferri Garcès aux céramiques de Bertrand Secret, vingt-six talents membres de l’association Ateliers d’Art s’approprient ce genre modeste dont les racines sont pourtant partout. Car le premier pouvoir des fleurs est celui d’émoustiller l’imagination de toutes les générations, semant la créativité dans les esprits féconds. Sans oublier que l’art botanique est aussi celui qui permit aux femmes artistes de s’émanciper, à l’image d’Elise Bruyère et de bien des élèves de Pierre-Joseph Redouté. 

En résumé, cette exposition se révèle à l’image de son sujet : rafraîchissante, légère, printanière. Du sublime à fleur de peau de vélin.

Avec cinq étoiles, cette exposition fait bien sûr partie des meilleurs événements culturels de Paris.

Écrit par
Clotilde Gaillard

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