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Les Actrices (1900-1918)

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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Les rôles féminins au cinéma en haut de l’affiche : une exposition réduite mais inédite.

Que serait le cinéma sans ses actrices ? La fondation Pathé-Seydoux, à l’occasion de sa rétrospective cinématographique 'Femmes force irrésistible', a choisi de mettre en lumière les actrices du début du XXe siècle, dans une exposition d'affiches issues de sa collection. Mistinguett, Polaire, Jane Renouardt ou encore la danseuse Napierkowska, idéalisées ou caricaturées dans des premiers rôles, portent désormais les films par leur notoriété. C'est le règne des divas. Ces femmes, artistes, danseuses, comédiennes, brouillent les frontières entre fiction et vie réelle. Elles deviennent des « têtes d’affiche ». 

Les illustrations d’Adrien Barrère et des ateliers Clérice Frères marquent un tournant par rapport à celles de l’incontournable Candido de Faria, très empreintes de l’esthétique du XIXe. Plus modernes, elles présentent des contours nets et des traits appuyés, symptomatiques d’une époque entre deux eaux mais d'un style bien à elle, et puisent leur inspiration dans l'art nouveau et les figures géométriques d’un art déco naissant. Héritier de Toulouse Lautrec, le dessinateur Barrère n’en est pas moins caricaturiste, et les visages qu’il esquisse sont très figuratifs. Les amateurs de lithographies pastel, de vieux bleus et de dégradés d’ocres se laisseront séduire par la transparence des tons sur papier jauni. L'esprit humoristique des dessins épargne malgré tout l'élégance de ces dames. Au début du siècle, riches mondaines et artistes sont souvent les mêmes femmes : chapeaux à plumes, colliers de perles et autres bottines illustrent la mode vestimentaire de l'époque. Une vision de la Parisienne qui nourrit encore bien des imaginaires sur Paris.

Derrière chaque affiche se cachent des histoires plus ou moins cocasses, drames ou vaudevilles. 'La Dupe', 'Un million de dot', 'Le Sacrifice', 'Mystérieuse', 'La Femme à papa' sont autant de titres évocateurs qui font délicieusement écho aux illustrations. Prêtez l’oreille et vous entendrez bientôt des « Ciel mon mari ! » et autres « Montre-toi scélérat !  ». La femme d'action fait de plus en plus rêver. On pense à la délicieuse affiche de 'Rosa Bell la détective', suspendue au-dessus des toits de la ville, en robe et l'air de rien (Wonder Woman et Tarzan à côté, c’est du chiqué). Durant la Première Guerre mondiale, les triangles amoureux connaissent également des succès au grand écran, notamment avec ‘La Femme inconnue’. Une dame mûre et charismatique et une oie blanche romantique, deux actrices et... un homme au milieu. Le cinéma toujours contemporain de son époque, face à des soldats meurtris dans les tranchées, apporte le réconfort de figures féminines fiables et rassurantes. Contre toute attente, les rôles féminins se cantonnent donc à des comportements vertueux (si si).

Les films sélectionnés dans la rétrospective s’attachent à montrer que la libération des femmes a commencé bien avant les années vingt. A contrario, le choix des affiches de l’exposition ne s’inscrit pas dans une démarche militante, et représente plutôt l’éclectisme des modèles féminins propre au début du XXe siècle. Illustrées en clair obscur, les actrices, tour à tour femmes corsetées ou libertaires sont à l’image d’une société à l'équilibre entre masculin et féminin en pleine mutation. Ainsi, on pénètre avec chaque affiche dans un univers nostalgique qui ne manque pas d'intérêt, et l'on regrette du coup la taille de l’exposition. Avec une quinzaine de lithographies seulement, on reste sur sa faim. Et si l’on peut comprendre le choix de limiter les œuvres aux simples supports papier avec des actrices « affichées », on regrettera certainement une mise en contexte pauvre et la brièveté des explications.

Information non négligeable, le billet d’entrée comprend la visite de l’exposition et une place de cinéma. Les séances sont accompagnées au piano par des étudiants de Jean-François Zygel du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.

Écrit par
Céline Astorg

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