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Manifesto

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Time Out dit

L’illustration parfaite d’un projet prometteur sur le papier et qui tourne au fiasco une fois réalisé.

Pour ses 200 ans, les Beaux-Arts de Paris méritaient certainement un meilleur cadeau que l’obscure cacophonie qui résonne actuellement, et jusqu’au 20 avril, dans la galerie d’exposition du 13 quai Malaquais. Nommée ‘Manifesto’, cette installation de l’artiste et cinéaste allemand Julian Julian Rosefeldt met en scène l’actrice oscarisée Cate Blanchett déclamant simultanément des manifestes avant-gardiste (signés Marx, André Breton ou encore Louis Aragon) sur treize écrans géants.

Une Cate Blanchett à la puissance 13 qui, pour aborder des thèmes tels que la culture et le situationnisme de Guy Debord ou encore l’art conceptuel et le dadaïsme avec Tristan Tzara, s’incarne dans la peau d’un clochard, d’une institutrice ou d’une marionnettiste. Des métamorphoses certes saisissantes, mais absolument pas surprenantes puisque Cate Blanchett nous a habitué, en presque trente ans de carrière, à interpréter plus d’une cinquantaine de personnages divers.

Ca cause mais ça ne nous parle pas  

En sombrant dans la caricature excessive et les poncifs gras – non ! Une galeriste ne s’accompagne pas forcément d’une assistante asiatique ; non ! Une ouvrière n’est pas forcément en surpoids et avec une dentition mal entretenue ; non ! Les chorégraphes n’ont pas toutes l’accent de l’Est, etc. –, Julian Rosefeld parvient à rendre le jeu d’une actrice émérite douloureux. Surtout lorsque celle-ci se fond dans les oripeaux d’une punkette avinée et désabusée : que cela sonne faux !

Mais le véritable souci de ‘Manifesto’ réside dans son manquement délibéré de compréhension des textes déclamés. Alors que la portée de leurs mots, de leurs idées et de leur propos constitue à elle seule une œuvre d’art, impossible d’apprécier ces écrits à leur juste valeur. Débités en anglais – et non dans la langue de leur auteur, comme il aurait pourtant été judicieux de les retranscrire afin de goûter la sonorité originelle du phrasé –, ils ne sont même pas sous-titrés ! Et quand bien même on maîtriserait suffisamment la langue de Shakespeare pour en traduire les subtilités langagières, le brouhaha persistant qui règne dans la galerie empêche de suivre convenablement les extraits cités dans ces vidéos cycliques, sans début ni fin.

On pourrait, à la rigueur, saluer l’effort de synchronisation de passages chantés avec véhémence, mais là encore l’effet de ces treize visages de Cate Blanchett en gros plan, nous regardant fixement de tous les coins de la salle, s’avère plus désagréable et effrayant qu’esthétique et pertinent. En somme, ‘Manifesto’ n’est manifestement pas l’exposition de l’année.

Pour de meilleures expositions à voir à Paris, consultez donc notre dossier. Et pour plus d'expos d'art contemporain, cliquez ici.

Écrit par
Clotilde Gaillard

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