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Le Centre des Arts d'Enghien-les-Bains accueille les créatures du passionnant artiste et roboticien Zaven Paré.

A dix minutes de Paris en train, le Centre des Arts d'Enghien, première scène conventionnée « Ecritures numériques », explore les liens généreux existant entre l'art, les sciences et les technologies sous de multiples formes telles que la danse, la performance, l'art plastique, la vidéo, les conférences et les rencontres. Zaven Paré se situe précisément là, au carrefour des trois domaines dont les frontières virtuelles ne devraient pas être aussi étanches. « Artiste la semaine et roboticien le week-end », comme il le définit lui-même, Paré fut un pionnier de la création de marionnettes électroniques dans les années 1990. Depuis, il combine sa recherche en laboratoire et son activité artistique.

A l'écouter, le monde ne sera jamais dirigé par des robots intelligents (croyez-le, il en est entouré). Car le « remède à l'intelligence artificielle, c'est l'interrupteur » ! Zaven Paré travaille en effet sur la fragilité et les failles des systèmes robotiques, sur leur puissance émotionnelle et leur proximité avec l’être humain. « Il y a toujours un discours sur les nouvelles formes d'existence potentielles. Or, ce ne sont que de nouvelles représentations. Tout se passera toujours dans la tête du spectateur, non dans celle du robot. » L'intelligence se révélerait donc le fruit d'un regard, le résultat de l'interprétation que l'on donne aux mouvements du robot, du programme et du travail sur le storytelling. « A l'image du personnage de roman, le robot n'aura jamais de conscience, seulement une présence et une narration à suivre. » Alors pourquoi chercher, dans la conception robotique, à se rapprocher de l'être humain ? « Se rapprocher de l'humain, c'est créer de la complexité pour nourrir la recherche, c’est aussi une plateforme d'enchantement pour séduire les plus jeunes et les attirer vers les sciences dures », répond l’artiste.

Entre enchantement mais aussi trouble, les pièces de Zaven Paré – qui travaille également dans le théâtre, ce qui lui donne un sens aigu de la dramaturgie et de la mise en scène – s'inscrivent dans une saison consacrée au corps humain. ‘La Main d'Antonio Vieira’ essaie par exemple de reproduire les mouvements de la main et du bras. Toutes laissent apparaître leur mécanisme, l'artiste ne cherchant pas l'illusion mais plutôt la fascination de la construction ainsi que l'évolution ou l'amélioration à venir de ses œuvres-robots. Plus déroutant encore : ce chœur d'enfants, intitulé ‘Jasager 4.0’ selon l'opéra de Kurt Weill écrit d'après le livret de Bertolt Brecht. Il réunit des masques blancs flottant dans l'espace sur lesquels sont projetés des visages de gamins, murmurant. 
A l'étage, ‘Spleen 2.0’ tente, lui, de reproduire le bruit de nos intestins. Des gargouillis électroniques en quelque sorte, qu'une machine ne peut a priori pas faire. Plus littéraire et poétique cette fois, ‘La Glande pinéale’ évoque cette partie du cerveau où René Descartes situait « le siège de l'âme ». Enfin, ‘Bappa 1.0’ fait partie d'une expérience menée en Inde avec l'anthropologue Emmanuel Grimaud. Il ressemble au dieu Ganesh et chacun peut prendre la place de ce dieu, parler avec un interlocuteur grâce à un dispositif de micro-caméra porté sur un casque et voir son visage rétro-projeté sur le masque en forme d'éléphant de la divinité. Cette expérimentation permet d'amener la science dure sur son propre terrain, celui des religions, et de répondre, par la technologie, à des questions philosophiques comme « Dans quelles conditions un objet peut-il être considéré comme une personne, un dieu ? » L'art, la science, la philosophie, l'anthropologie et la technologie ne constituent ainsi qu'un réservoir inépuisable d'expériences et de connaissances pour Zaven Paré.

Écrit par
Virginie Duchesne

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Site Web de l'événement
www.cda95.fr/
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Entrée libre
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