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Michel Blazy, 'Débordement domestique'

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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Vous reprendrez bien un peu de pizza avec de la bière tiède ? Tant mieux, parce qu’on n’aura rien d’autre à vous proposer à la galerie Art:Concept. Menu unique pour cette nouvelle exposition de Michel Blazy : binouze, lasagne, pizza. Rassurant comme un bon vieux plateau télé du dimanche. Sauf qu’ici, les pissaladières couvertes de (vrai) fromage rappé s’accrochent aux murs et les lasagnes dopées aux arômes artificiels suintent à même le parquet, sur plus d’un mètre de longueur. L’art de la table devient « art » tout court : détraqué, périssable, farfelu.
 
Bienvenue dans l’univers de Michel Blazy, qui crée depuis plus de vingt ans des installations grouillant de matériaux éphémères comme la mousse à raser, la crème dessert au chocolat et, dernièrement donc, la cuisine italienne. Les aliments n’existent plus par leur odeur ou par leur goût mais par leur nature visuelle : de sculpture, de tableau ou de fontaine (la bouteille de bière se transforme en fontaine de mousse tous les soirs à 18h). Et comme pour narguer cette mangeaille privée de frigo et de cellophane, condamnée à se décomposer de jour en jour sous les yeux du public (enfin rassurez-vous, les œuvres sont bourrées de conservateurs et de matériaux artificiels comme le polystyrène : tout cela ne va pas non plus moisir à vue d’œil), un ruban d’aluminium serpente à travers l’espace tandis que des fourmis grignotent on ne sait trop quoi dans une séquence vidéo.
 
Mais en attendant l'inéluctable dénouement, on peut toucher, humer et contempler ces mets uniques, comme si l’on se trouvait devant une Margarita pour la première fois. Et c’est là toute la magie de l’œuvre de Michel Blazy. Avec trois fois rien, le Français revisite le ready-made duchampien, met son doigt gras sur les torts de la surconsommation, sublime les trivialités du quotidien et réinvente la vanité, cette forme d’art vouée à souligner la fugacité du monde matériel. Ainsi, derrière ses airs grossiers et frivoles, son art gluant a le don de s’enchanter envers et contre toute la laideur de notre ère postindustrielle. Jusqu'en faire d’heureux poèmes :
 
« Croire ne les intéresse pas, ce qui les intéresse maintenant, c’est de vouloir croire.
Leur but est d’être sur le chemin qui y mène, même si le chemin ne mène à rien.
Elles ne savent pas que la menace existe et n’auront toujours, jamais rien à perdre.
Elles sont belles, et bien vivantes :
Les lasagnes. » - Michel Blazy, 1992
 
> A vos agendas : Michel Blazy s’invitera ensuite au collège des Bernardins pour une exposition personnelle du 10 mai au 15 juillet


Infos

Site Web de l'événement
www.galerieartconcept.com
Adresse
Prix
Du mardi au samedi de 11h à 19h / Entrée libre
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