Villes, consommation d'énergie, initiatives écologistes, migrations, plans de construction, habitats, etc. Chaque aspect de la sphère citadine est ici abordé. Avec le ludisme qui caractérise les expositions de la Cité des Sciences, ‘Mutations urbaines’ détaille et décortique les problématiques liées à l'urbanisation en proposant jeux, vidéos ou expériences immersives pour que les visiteurs puissent réellement se saisir des informations et connaissances qui leur sont présentées. On apprend ainsi que le stockage de nos données numériques consomme autant de place et d'énergie que la ville elle-même. On peut aussi enfiler l'oculus (lunettes 3D) pour se retrouver en haut d'un rooftop hongkongais et se rendre ainsi compte du vertige que procure une ville tentaculaire. Enfin, on peut découvrir le nouveau visage de Détroit, ville abandonnée que les derniers habitants tentent de faire émerger de ses cendres… Autant d'anecdotes amusantes ou instructives que l'on craint d'oublier aussitôt l'exposition terminée.
En effet, les courts panneaux explicatifs résument grossièrement les données sociologiques, économiques ou politiques dont on aimerait pouvoir se saisir plus précisément. Survolant souvent des informations capitales, comme les besoins en eau et en matières animales d'une ville comme Londres, l'exposition reste parcellaire et divertissante. Tandis que la ville intrigue et inquiète de plus en plus, on aurait aimé que ces ‘Mutations urbaines’ nous offrent à la fois un état des lieux de l'urbanisation mondiale et un regard neuf sur son futur. S'attardant sur des détails qui font sourire (à quoi ressemblerait Paris si elle était rangée ? Quel son peut produire l'intégralité des communications passées tel jour à tel endroit ?), l'exposition ne se risque pas à aller au-delà d'une simple représentation un peu décalée des enjeux de la ville. Sa déambulation chaotique, qui imite un chantier de construction, bloque la lisibilité du propos et morcelle l'espace sans parvenir à lier les propositions entre elles.
Bien que dense et parfois percutante (notamment par ses maquettes qui concrétisent le grignotage des terres par les constructions urbaines), l'exposition 'Mutations urbaines' reste un peu frustrante. Alors que chaque citadin aimerait pouvoir repenser son rapport à la ville à l'heure de l'éveil des consciences face à la frénésie bétonnante et à l'accroissement incontrôlable de la population, elle nous laisse repartir sans nous avoir chamboulé et sans en savoir vraiment plus à propos de l'avenir de nos villes et de notre Terre. Dommage pour une Cité des Sciences qui se donne comme but d'apporter des clés de compréhension et de réflexion sur notre monde.
Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris