Depuis sa réouverture fin 2015, le nouveau Musée de l’Homme n'a eu de cesse, par ses expositions temporaires et au travers de sa collection permanente, d'interroger le vivant sur son être, le pourquoi de son existence et sa relation à ses semblables. C'est sur ce dernier point de compréhension que l'institution entend ici encourager les visiteurs à réfléchir plus intensément et personnellement. Alors que notre société se radicalise dans ses convictions et se morcelle tristement dans ses valeurs, déconstruire les préjugés qui persistent devenait essentiel. Et on remercie vivement le musée de s’être attelé à cette problématique, d’autant qu’il a su le faire avec intelligence et empathie.
Zéro stigmatisation, seulement des prises de conscience
Tout commence en immersion dans des lieux de fort brassage humain – une station de métro, une terrasse de café, etc. Les personnes qui composent cette foule anonyme sont d’abord définies selon les appartenances ethniques et religieuses auxquelles elles semblent à première vue attachées. Puis un scan vient remettre les clichés à zéro, ne laissant plus que des hommes et des femmes comme vous et moi. Une manière simple et parlante de démontrer la futilité des jugements de valeurs, souvent faux mais toujours discriminants. Le blâme étant cependant contre-productif, pas question de nous faire culpabiliser : étiqueter son prochain est un processus cognitif primitif, nous explique-t-on. Comme marcher à quatre pattes : tout le monde le fait au début. L’important est ensuite d’évoluer, d’apprendre à s’élever sur les deux jambes du respect et de la tolérance en regardant au-delà des apparences.
Expérimenter les a priori, (re)vivre l’ignominie et en sortir grandis
Innovant avec des scénographies interactives, l’exposition nous embarque ensuite au cœur d’un terminal d’aéroport, l’endroit par excellence où toutes les identités peuvent se croiser. Invités à s’asseoir dans ce hall de passage, on en profite pour réfléchir avec sagesse, seul ou en famille, aux différentes notions de stéréotype ou de xénophobie. On teste également sur des pupitres numériques incroyablement instructifs – mais malheureusement trop peu nombreux – la psychologie de l’essentialisme réducteur ou des associations d’idées préconçues et inconscientes sur le sexe et la couleur de peau.
En passant sous des portiques nous affublant de tares infondées, on fait aussi l’expérience de ce que certains subissent chaque jour et l’on comprend combien ces allégations sont injustes. Au travers de vidéos et de vestiges d’un passé pas si révolu, on se rappelle les méfaits historiques de la ségrégation, du nazisme ou encore du colonialisme et on mesure les conséquences concrètes de la propagande sur les esprits étriqués. Puis, dans une mise en scène comme à la maison, des experts en la matière répondent avec humour et pédagogie à nos interrogations concernant l’état du monde aujourd’hui. Avant de prouver, par A+DN, que nous ne sommes tous finalement pas très différents.
Au croisement de l’anthropologie, de la biologie, de la sociologie et de l’histoire, l’exposition ‘Nous et les autres’ déroule donc un parcours accessible à n’importe quel visiteur (enfants comme adultes) et qui s’attache à décrypter les mécanismes menant au racisme de même qu’à l'expliciter pour nous permettre de mieux le combattre au quotidien.