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Prosopopées : Quand les objets prennent vie

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  1. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
  2. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
  3. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
  4. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
  5. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
  6. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
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  7. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
  8. Prosopopées (© Quentin Chevrier)
    © Quentin Chevrier
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

N’ayez crainte de ce grand mot qui berce et hante dès qu’on le prononce : « prosopopées ». Ce n’est ni l'une des neuf Muses, ni un héros grec valeureux au combat mais une figure de style qui consiste à faire parler une chose inanimée : un objet, un mort, un animal, une abstraction… Au 104 ce sont trente-deux installations qui envahissent l’espace en prenant vie à leur manière.

La vaste exposition que propose le centre de création et de production artistique présente des œuvres où prouesses techniques et mécaniques sont convoquées pour faire vivre au spectateur une expérience physique et sensorielle peu ordinaire. On voyage d’une salle à l’autre, rencontrant machines, sons, lumières et obscurité. Placé au cœur du dispositif inventé par les artistes, on assiste à la fluctuation de nos sensations. Curiosité, hypnose, peur, fascination, dégoût, attirance ou amusement, les œuvres nous baladent à l’intérieur de nous-mêmes en modifiant le rapport qui d’habitude nous lie à elles. Dans 'Prosopopées', on ne peut plus traverser les installations créatives comme dans un vulgaire hall d’exposition, ici elles sont dotées d’une vie sur laquelle nous n’avons ni information ni contrôle, ce qui nous enveloppe d’une inquiétante étrangeté. Placée sous l’égide de l’auteur paranoïaque et visionnaire de science-fiction, Philip K. Dick, 'Prosopopées' fouille le monde et ses objets déréglés à la recherche de réponses à la question dickienne par excellence : « Qu’est-ce que le réel ? » Et si tout se plongeait dans un ordre chaotique, si tout suivait des règles absolument changeantes ? Voici que les affichages d’aéroport se mettent à n’en faire qu’à leur tête ('Signal to Noise', Lab[au]), les organes morts à battre la chamade ('Endophonie mécanisée', Edwige Armand), le miroir à refuser de projeter l’image reçue ('Miroir fuyant', Thomas Cimolaï), et le corps des visiteurs à exécuter une chorégraphie programmée sur des exosquelettes ('Inferno', Bill Vorn et Louis-Philippe Demers).

Les œuvres que l’on découvre au 104 donnent corps et vie à des machines et des êtres mécanisés, créant ainsi l’impression que ces derniers ont conscience de leur existence. Le nouveau monde dans lequel on plonge est non seulement digne de la meilleure science-fiction, mais aussi de la pure poésie du réel. Au-delà de l’ingénierie bluffante, on se laisse aller aux délices de l’imaginaire où les boîtes de sardines sont remplies de jambes de femmes nues ('Sex Sells', Marck) et les canapés debout en équilibre sur un pied ('Balance From Within', Jacob Tonski). C’est autant une prise de pouvoir des forces inanimées qu’un réenchantement de la réalité par ces mêmes forces. Comme si l’on était tout à coup dans ce rêve où, une fois la nuit tombée, nos objets vivent enfin leur propre vie.

'Prosopopées : Quand les objets prennent vie' propose un parcours puissamment immersif et étonnamment troublant dans un cadre ludique et participatif. Plus que le plaisir de l’expérience, on est touché par la grâce chaotique et effrayante du monde réglé selon un ordre qui dépasse l’homme et l’anthropocentrisme. On redevient une petite présence ballotée par la lumière et le mouvement découvrant des énergies insoupçonnées, assistant à l’animation de corps inertes et contemplant le minutieux travail technique à l’œuvre. Superbe exposition empirique, technologique et magique !

Écrit par
Elise Boutié

Infos

Site Web de l'événement
www.104.fr/
Adresse
Prix
9 €
Heures d'ouverture
Mercredi, jeudi, samedi et dimanche de 14h à 19h.
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