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Rhodia Bourdelle : Récit d'une vie, histoire d'un musée

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4 sur 5 étoiles

Le musée Bourdelle dédie un parcours à la fille du sculpteur, Rhodia Bourdelle, qui toute sa vie s'attacha à diffuser l'œuvre de son père.

Ceci n'est pas une exposition. C'est un parcours sensible que le visiteur emprunte à travers tout le musée. Au détour d'une vitrine, d'un panneau ou d'un document d'archive, il suit les traces de Rhodia Bourdelle, la fille du sculpteur Antoine Bourdelle qui y vécut et s'y installa en 1885 avec sa famille. En 1949, son atelier devint le musée que l'on connaît. Née en Grèce en 1911, Rhodia Bourdelle habita elle aussi dans ce lieu, y grandit et s'y installa. Jusqu'à sa mort en 2002, elle veilla comme sur son propre enfant sur ce bâtiment ainsi que sur les œuvres qu'il renferme, d'abord avec sa mère, Cléopâtre Stavros, une Grecque que Bourdelle épousa en secondes noces, et son mari, Michel Dufet, puis seule. En suivant Rhodia, on découvre également l'histoire du musée, de sa création comme unique atelier-musée de Paris. 

La petite fille doit avoir à peine 7 ans sur cette photographie prise dans le jardin et aujourd'hui exposée plus grande que nature au même endroit. « Bienvenue chez moi », semble-t-elle dire. Dans l'ancien appartement, son ours est assis sur sa chaise : elle l'a légué à la ville de Paris en même temps que le site. Mère et fille conservent en effet tout consciencieusement. En témoignent les catalogues de ventes des œuvres de leur mari et père qu'elles suivent attentivement, les affiches des expositions en France et à l'étranger qu'elles organisent, créées pour certaines par Michel Dufet qui était aussi directeur artistique, les mémoires de Rhodia elle-même qui participent à la construction de la légende de son père.

Au bout du parcours, dans la partie neuve du musée dessinée par Christian de Portzamparc, les archives familiales dévoilent une image plus intime des Bourdelle. Cléopâtre et surtout Antoine souhaitaient que leur fille devienne peintre, et encourageaient ses premières expressions artistiques soigneusement classées. Ce dernier illustrait des contes pour son enfant et la dessinait sans relâche. La table de nuit et le parfum de la fillette devenue adulte qui emplit l'atmosphère rappellent qu'elle n'a cessé d'y vivre, telle une gardienne du temple, sacrifiant sa carrière d'artiste pour la reconnaissance et la diffusion de l’œuvre de son père.

Cette femme d'une grande énergie, à entendre le personnel qui l'a connue et travaille encore dans l’ancien atelier, devint conservatrice du musée en 1972. Au premier étage, sur un meuble créé par Michel Dufy, la photographie de son mariage selon le rite orthodoxe qui eut lieu dans le jardin en 1947. Deux ans plus tard, le musée est inauguré. Des plâtres doivent être vendus pour acheter au fur et à mesure les bronzes de Bourdelle puis les exposer. Depuis 1952, le Prix Bourdelle récompense tous les deux ans de jeunes artistes. Dans une vitrine, on peut reconnaître ceux de Giacometti et Zadkine par exemple, et lire la correspondance de Takata, un élève japonais qui servit d'intermédiaire pour la vente d’œuvres au Japon notamment. Le Prix s'arrêta en 2002 à la mort de Rhodia Bourdelle. Pourtant, elle hante encore les lieux permettant ainsi, à travers son personnage de mieux comprendre, par un biais intime, l'histoire de ce musée et son importance dans le paysage muséal parisien.

Écrit par
Virginie Duchesne

Infos

Site Web de l'événement
www.bourdelle.paris.fr
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