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Varda/Cuba

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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Agnès Varda capture le Cuba des années 1960, entre socialisme et cha-cha-cha.

En 1962, Agnès Varda se rend à Cuba, quatre ans après la révolution, le renversement du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par Fidel Castro et quelques mois après la crise des missiles. Elle ne sera pas la seule artiste à être attirée par l'île en plein bouleversement politique, économique et culturel. Suivant le mouvement des intellectuels européens séduits par Cuba (Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Chris Marker – qu'elle remercie dans le film – ou encore Michel Leiris et Marguerite Duras), elle y capture la vie nouvelle et l'enthousiasme de la population cubaine au travers de plus de 4 000 clichés. De retour à Paris, à partir de ses photographies, elle réalise un film de trente minutes, intitulé 'Salut les Cubains'. Ce court métrage fait d'ailleurs partie de l'exposition actuellement au Centre Pompidou, 'Varda/Cuba'.

Un événement organisé peu après l'acquisition par Beaubourg de 157 tirages de l'artiste, plus célébrée pour sa carrière de cinéaste puis d'artiste plasticienne que comme photographe. Parmi eux, 144 sont issus de la série Cuba. « Une œuvre d'importance », comme le reconnaît le conservateur Clément Chéroux, qui se devait d'être mise en lumière. Le choix a donc été fait de présenter une mosaïque de photographies prises par Agnès Varda à Cuba. Accrochées au touche-à-touche, elles préparent le visiteur au film, qui les anime ensuite une par une. Le commentaire, fait par Michel Picoli et Agnès Varda elle-même, trace ainsi une vision joyeuse mais non naïve de l'île et de l'exaltation révolutionnaire qui l'enflamme. « Entre le pittoresque décoratif et celui franchement socialiste », les portraits de Fidel Castro se mêlent aux danses afro-cubaines. Sans oublier les femmes et la musique, la révolution agricole et les chants qui la célèbrent, mais aussi les rires. Et notamment celui de Beny Moré, roi du cha-cha-cha à l'élégance joyeuse, portée par son chapeau et sa canne, qui se prête devant l'objectif de l'artiste à une danse endiablée, saccadée par le montage. Ce montage suit en effet le rythme de la bande-son et annonce déjà la Varda cinéaste. Malheureusement, Beny Moré est décédé à La Havane en 1963, avant d'avoir pu visionner le film sorti l'année suivante.

En somme, il faut vraiment prendre le temps de regarder le film. Il constitue le point focal de l'exposition auquel mène la ligne des photographies noir et blanc. De même, il restitue à la fois une époque et le regard d'une artiste européenne sur l'île rouge. Définitivement, Agnès Varda a sa place en tant que photographe.

Écrit par
Virginie Duchesne

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