Premier photographe à remporter le Turner Prize en 2000, l’Allemand Wolfgang Tillmans a reçu carte blanche du Centre Pompidou pour sa dernière expo avant cinq ans de travaux. Faisant écho à cette période de “métamorphose”, comme dit l’équipe du musée, l’Allemand a transformé en galerie l’espace qu’occupait la Bibliothèque publique d’information – plus particulièrement le plateau du 2e étage – jusqu’au 2 mars dernier (elle rouvrira le 25 août au 40 avenue des Terroirs-de-France pendant la durée des travaux).
Etalée sur 6 000 m2, cette expo retraçant près de 40 ans de carrière avec pas moins de 3 000 œuvres est tout simplement “l’exposition la plus vaste jamais produite au Centre Pompidou”, comme l’annonce le fascicule. En effet, il faudra probablement une bonne demi-journée pour tout regarder !
Souvent crédité pour avoir révolutionné l’accrochage dans ses expositions, Wolfgang Tillmans a trouvé ici un terrain de jeu à sa mesure, mettant en dialogue son travail avec l’architecture de Beaubourg et surtout avec la vocation d’un lieu comme la Bpi qui donne gratuitement accès au savoir.
Le titre de l’exposition, Rien ne nous y préparait - Tout nous y préparait, que Wolfgang Tillmans dit avoir en tête depuis plusieurs années, renvoie lui aussi à la question de la connaissance. “Dans ma vie, je me sens suspendu entre le sentiment de vouloir savoir, vouloir planifier, […] et en même temps de se résigner et faire la paix avec le fait que l’on ne peut pas toujours tout savoir”, explique-t-il dans le podcast qui accompagne la visite.
Très attaché aux livres (il en a édité plus d’une quarantaine), l’artiste a conservé quelques tables, rayonnages et ordinateurs de la bibliothèque, qui deviennent des présentoirs. Ses installations intitulées Truth Study Centre, qui interrogent notre rapport à l’information, trouvent ainsi parfaitement leur place sous le panneau “Autoformation”, relique de la Bpi, tandis que l’espace dédié à la reprographie reste en service pour faire écho à l’usage de la photocopieuse comme médium artistique.
Il faudra aussi avoir l’œil pour repérer des œuvres exposées horizontalement ou verticalement, à des hauteurs et dans des formats qui varient radicalement. Une façon de se mettre dans la peau d’un artiste à la pensée foisonnante qui n’a jamais cessé de scruter le monde sous de nouveaux angles.