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Guide du film de science-fiction : n°40 à 31

Les 50 meilleurs films de science-fiction

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Akira (1988)

Film de science-fiction de Katsuhiro Ōtomo (animation)

La grande idée : mêler SF post-apocalyptique, drogues de synthèse, sectes gouvernementales et tourments de l'ego adolescent.

La réplique : « Ce n'est pas votre ami, c'est le nôtre. Si quelqu'un doit le tuer, il faut que ce soit nous. »

Pandemonium dystopique
Difficile de retranscrire l'énorme claque que fut 'Akira' en France, à sa sortie en 1991, pour les gamins alors âgés d'une douzaine d'années. Loin des versions censurées des mangas alors présentés à la télé, le chef-d'œuvre post-apocalyptique de Katsuhiro Ōtomo semblait évoquer pour le première fois sans détour la violence des mégapoles, la délinquance, la drogue, le sexe, la corruption, le pourrissement du pouvoir... En outre, l'animation d''Akira' reste, aujourd'hui encore, d'une impressionnante fluidité, notamment à travers ses inoubliables courses-poursuites en moto. Seul bémol : le film fut réalisé alors que le manga papier n'était pas encore terminé. Du coup, une bonne partie du scénario  alors encore en cours d'écriture  manque à cette version de l'histoire. Aussi complètera-t-on cet anime par la lecture des six volumes (quatorze dans la version colorisée) de ce manga incontournable.

Inception (2010)

Film de science-fiction de Christopher Nolan, avec Leonardo DiCaprio, Ellen Page et Jospeh Gordon-Levitt

La grande idée : un rêve dans un rêve dans un rêve.

La réplique : « - Si je vous dis de ne pas penser à des éléphants, à quoi pensez-vous ? - Des éléphants. »

Dédale mental
S’il vous a donné la migraine au ciné, on ne peut que vous conseiller de le revoir chez vous, confortablement installé. Vous pourrez même faire une pause – pipi ou autre – sans (trop) perdre le fil. Car ‘Inception’ demande une attention soutenue durant 2h30 pour pleinement apprécier la complexité et la profondeur de son scénario labyrinthique, parfois confus. D’autant que Christopher Nolan n’hésite pas à imbriquer les codes de plusieurs genres cinématographiques (film d’action, thriller, drame et surtout… SF), histoire d’épaissir un propos déjà dense : une équipe de hackers mercenaires, dirigée par DiCaprio himself, est employée par un homme d’affaires pour influencer un concurrent via ses rêves. Une mise en abyme du principe de rêve lucide tenant largement ses promesses, malgré un didactisme parfois répétitif – les personnages sont eux-mêmes amenés à expliquer les procédés qu’ils utilisent pour remplir leur mission, s’adressant à travers d’autres personnages au spectateur lui-même. Une lourdeur que le rythme soutenu et le casting impeccable nous font vite oublier : Ellen Page, Joseph Gordon-Levitt, Ken Watanabe et Tom Hardy sont notamment de la partie. Au final, rarement un film grand public aura été aussi exigeant avec ses spectateurs, et on en vient même à se demander comment Nolan est parvenu à obtenir de Warner quelque 160 millions de dollars pour le réaliser – la réputation bankable de l’Anglais ayant certainement plus joué que la lecture du scénario. Un projet fou mûri pendant 10 ans, primé 13 fois, et un énorme carton au box office avec près de 5 millions d’entrées rien que pour la France : ce qu’on appelle réaliser ses rêves.

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Primer (2004)

Film de science-fiction de Shane Carruth, avec Shane Carruth et David Sullivan

La grande idée : deux geeks, depuis leur garage, peuvent changer le monde.

La réplique : « Si tu continues à creuser cet après-midi… je te montrerai en retour la chose la plus incroyable qu’un organisme vivant ait pu observer. »

La vie en boîte
Supposément tourné pour à peine 7 000 dollars, le tout premier film de l’auteur-réalisateur-éclairagiste Shane Carruth prouve que les grandes idées ne coûtent finalement pas grand-chose. Lorsque la « boîte », créée par le duo d’amis Aaron (Carruth lui-même) et Abe, réagit de manière inattendue et incompréhensible, les dilemmes se mettent à pleuvoir sur les deux ingénieurs travaillant jusqu’alors dans leur garage. Aussi bien primé à Sundance qu’au Festival de science-fiction de Londres, ‘Primer’ honore le spectateur en lui offrant un développement elliptique et implicite, ainsi qu’une admirable plongée dans l’angoisse paranoïaque de ses principaux protagonistes. Jamais totalement explicite, ce drame périurbain avance dans un climat de doute perpétuel qui force à se poser cette question toute simple, mais qu’aucun autre film du genre n’avait abordée : si votre double voyageur dans le temps est de l’autre côté de la ville et que votre femme vous appelle, quel téléphone sonnera en premier ?

L'Invasion des profanateurs de sépultures (1978)

Film de science-fiction de Philip Kaufman, avec Donald Sutherland, Brooke Adams et Jeff Goldblum

La grande idée : la liberté de pensée n’est rien d’autre qu’une nouvelle forme de conformité.

La réplique : « Pourquoi s’attend-on toujours à des vaisseaux en métal ? »

Oui, nous sommes des personnes à part entière
L’habituelle question de la machine à remake qu’est devenu Hollywood. Si ‘La Mouche’ ou ‘The Thing’ incarnent des exemples plus connus de franches réussites, la reprise du classique de 1956 par Philip Kaufman, réalisateur – entre autres – de ‘L’Etoffe des héros’, mérite également une mention de ce que peut être une adaptation sûre d’elle et maniant l’ironie avec maestria. Placée dans le San Francisco des années 1970, Mecque des diseurs de bonne aventure et des tenants de la théorie de l’enfant intérieur, le film révèle une pensée sardonique sur l’après-rêve hippie et ose poser la question qui fâche : et si l’humanité pouvait se passer d’émotions et de libre-arbitre ? Brooke Adams et Donald Sutherland y plantent un couple assez anodin, plutôt drôle et totalement crédible en compagnie de Jeff Goldblum et de la souffrante Veronica Cartwright, tous dominés par un sournois gourou interprété par Leonard Nomoy. Naviguant entre les doubles et la paranoïa, les deux couples finissent par sombrer et, finalement, accepter l’inacceptable. Jusqu’à la chute, inattendue et laissant le spectateur dans un sentiment de grand vide. A peu de choses près, le même que celui combattu par les humains tout au long du film.

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Mars Attacks ! (1996)

Film de science-fiction de Tim Burton, avec Jack Nicholson, Glenn Close et Annette Bening

La grande idée : un film volontairement niais où les humains passent pour les êtres les plus stupides de la galaxie.

La réplique : « En tout cas, ils auront pas la télé ! »

Life on Mars
En 1994 sortit ‘Ed Wood’, biopic centré sur l’homme considéré à titre posthume par deux vils critiques comme étant « le plus mauvais réalisateur de tous les temps ». Gagné petit à petit par l’esprit du fantasque transformiste, à qui il voue un incommensurable respect, le réalisateur du film Tim Burton décide de se lancer dans la réalisation d’un long métrage à-la-manière-de, sciemment aberrant, en hommage à celui qu’il venait de dépeindre avec tendresse. Deux ans plus tard, ‘Mars Attacks !’, film de série Z inspiré de cartes à jouer ayant nourri l’enfance du Californien, envahi les écrans mondiaux. Dès les premiers instants de ce qui restera comme la plus grande farce cinématographique des années 1990, Burton prouve qu’il ne compte pas y glorifier le genre humain. Derrière un casting fantastique, composé de noms précieux comme ceux de Jerzy Skolimowski, Michael J. Fox ou la jeune Natalie Portman, se cache un ramassis de personnages tout au mieux moyens, souvent minables, niais, nombrilistes, trouillards et idiots où chacun vient interpréter ce qu’il n’a jamais été : Jack Nicholson un président calme et mesuré, Pam Grier une femme flic aimante, Pierce Brosnan un scientifique à la Jeff Goldblum dans 'Jurassic Park', Jack Blake un fier apprenti militaire. Comble de la moquerie, le film, sorti un 13 décembre, présentera ses extra-terrestres en jerseys rouges et verts. Fin 1996, le père Noël n’apporta pas que des cadeaux aux petits terriens.

Pi (1998)

Film de science-fiction de Darren Aronofsky, avec Sean Gullette, Mark Margolis et Ben Shenkman

La grande idée : les mathématiques sont une discipline si effrayante qu’ils en deviennent un excellent sujet de science-fiction.

La réplique : « Tout, autour de nous, peut être représenté et expliqué au travers des chiffres. »

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Si l’on interrogeait Darren Aronofsky quant à sa plus grande peur enfantine, il est à parier que celle-ci se cachait non pas sous son lit comme les enfants ordinaires, mais bien dans un livre d’exercices de maths, à l’ombre d’une figure isocèle. En 1997, très certainement pour se venger des heures passées à devoir s’y plonger, le jeune réalisateur signe avec ‘Pi’ un premier film hautement claustrophobe, où fanatisme religieux et sciences cartésiennes se donnent la main pour venir hanter l’anachorète Max Cohen. Du fond d’un appartement lugubre qu’il peine à quitter, l’ermite urbain de la science des chiffres projette de trouver le modèle numérique prédisant les mouvements des marchés financiers. Accroc aux sédatifs et en proie à de fulgurantes hallucinations, le mathématicien reclus voit sa vie basculée lorsque sa paranoïa rencontre la folie d’un numérologiste kabbaliste pensant que les secrets du monde se cachent effectivement dans les suites chiffrées du paranoïaque juif new-yorkais, qui finira par se les extraire à coup de perceuse. Tourné en toute clandestinité avec une équipe restreinte, ‘Pi’ offre un modèle de science-fiction hallucinatoire, ouvert dans son interprétation et dont l’esthétique particulièrement réussie semble avoir eu une influence notable sur des films comme ‘The American Astronaut’, ‘Primer’ mais aussi ‘Matrix’, qui n’hésita pas à reprendre sèchement deux ans plus tard la séquence de codes sur fond de drum'n'bass ouvrant le film.

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Total Recall (1990)

Film de science-fiction de Paul Verhoeven, avec Arnold Schwarzenegger, Sharon Stone et Michael Ironside

La grande idée : Si la mémoire peut être manipulée, comment savoir lesquels de nos souvenirs sont réels ? Et d’ailleurs, qui sommes-nous ?

La réplique : « Considère ça comme un divorce ! »

Un tour sur Mars et ça repart
Adaptation libre d’une nouvelle de Philip K. Dick, ‘Total Recall’ voit Arnold Schwarzenegger recevoir un implant de mémoire défectueux, qui le persuade qu’il est agent secret, que sa femme (Sharon Stone, que Paul Verhoeven retrouvera bientôt pour ‘Basic Instinct’) essaie de tuer et qu’il se trouve inextricablement lié à une mutinerie sur Mars. Comme à son habitude, le réalisateur de ‘Starship Troopers’ joue sur l’ironie et un humour parfois potache et pervers – à l’image de cette inoubliable prostituée à trois seins. Entre action et science-fiction, ‘Total Recall’ propose en outre l’un des rôles les plus savoureux du futur gouverneur de Californie, au nom épuisant à épeler.

Under the Skin (2014)
  • Cinéma
  • Drame

Film de science-fiction de Jonathan Glazer, avec Scarlett Johansson

La grande idée : une extra-Scarlett, incognito en Ecosse, fait disparaître des hommes, un à un.

La réplique : « Quand est-ce que tu as touché quelqu'un pour la dernière fois ? »

La Veuve Noire de l'espace
« Fantastique », le film de Jonathan Glazer l’est dans tous les sens du terme. D’abord parce qu’il mêle les genres avec brio : sous couvert de science-fiction, ‘Under the Skin’ en appelle ainsi tour à tour au road movie, au thriller, au survival, avec de jolis détours par l’érotisme et l’horreur onirique, le tout avec une cohérence, à la fois visuelle et narrative, absolument magistrale. Basé sur le roman homonyme de Michel Faber publié en 2000, le long métrage de Glazer en réduit subtilement le propos à l’essentiel : une mystérieuse femme – mais est-elle seulement humaine ? – séduit des hommes à travers l’Ecosse, pour les faire disparaître un à un. Or, sur ce pitch aussi intriguant que décharné, servi par une musique dissonante, vénéneuse, signée Mica Levi et des séquences surréelles et hypnotiques, Jonathan Glazer offre à Scarlett Johansson l’un des plus beaux rôles de sa carrière – et très certainement son meilleur depuis ‘Match Point’ de Woody Allen, en 2005. Et c’est là le deuxième génial aspect d’‘Under the Skin’ : outre son envoûtante beauté plastique, le film joue sur de multiples tableaux et grilles de lectures. Fable sur le désir et ses paradoxes, sur les liens entre l’érotisme et le goût du risque, de l’inattendu, il constitue en outre une ode à « Scarjo », omniprésente et méconnaissable, une réflexion sur son statut de célébrité, mais aussi et surtout sur le cinéma lui-même comme mécanique illusoire et dévorante.

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District 9 (2009)

Film de science-fiction de Neill Blomkamp, avec Jason Cope, Robert Hobbs et Sharlto Copley

La grande idée : les autorités sud-africaines veulent mettre de l’ordre dans un quartier rempli d’aliens sans la moindre forme de respect.

La réplique : « Enlève tes putains de tentacules de mon visage ! »

Les crevettes de l’espace
Pour Peter Jackson, ‘District 9’ est un « petit film ». Certes, le producteur néo-zélandais a depuis quelques années revu ses standards à la hausse en termes de budget, mais 30 millions d’euros restent tout de même une coquette somme pour un parfait inconnu venu de la pub, Neill Blomkamp en l’occurrence, qui signe grâce à cet honorable pécule un premier film d’action haletant dans les townships de Johannesburg. Vingt-huit ans après qu’un vaisseau spatial se soit retrouvé coincé au-dessus de la ville sud-africaine, le gouvernement décide de s’occuper des 1,8 millions d’aliens parqués derrière des grilles protégeant le quartier de District 9, dans lequel personne ne sait ce qui se trame. Si ce n’est, bien sûr, une multinationale qui y exploite allègrement ses hôtes. Au travers de cette allégorie des mentalités ségrégationnistes, le jeune réalisateur offre, outre un portrait acerbe du temps de l’apartheid, une plus fine critique de la période de privatisation l’ayant suivi, tout en étant porté par une esthétique de circonstance empruntée au documentaire. Blomkamp plonge ainsi sa caméra dans un camp de réfugiés en pleine déportation massive et renoue avec la vague de productions SF dénonçant certains travers du capitalisme à la manière d’un ‘RoboCop’. Un film sans doute plus grand que ne l’avoue son producteur.

Hombre mirando al Sudeste (1986)

Film de science-fiction d'Eliseo Subiela, avec Lorenzo Quinteros et Hugo Soto

La grande idée : dans un asile psychiatrique, un homme prétend être venu sur Terre pour étudier l’humanité.

La réplique : « On ne soigne pas les gens ici. »

Téléportation dans un nid de coucou
A l’exception de quelques films d’horreur sensationnalistes, il n’y a rien de plus morne et immuable au cinéma que le quotidien d’un asile psychiatrique. Chez Hitchcock, dans ‘La Maison du Docteur Edwards’, ou chez l’Argentin Subiela, la vie y semble si répétitive, si laconique et si calibrée que l’on en viendrait à se demander si, finalement, les plus fous ne sont pas ceux qui les dirigent. Le docteur Denis, qui ne supporte plus de ne pouvoir guérir personne depuis sa chaise de psychiatre – à commencer par lui-même – voit sa vie basculer lorsque l’étrange Rantes, jeune homme affreusement placide prétendant venir d’une autre planète, apparaît mystérieusement dans son établissement. Bientôt, le quadragénaire solitaire délaissera le saxophone, son seul salut, pour l’étude de son prodigieux missionnaire céleste qu’il considère être un mystificateur. Très tourné sur la science-fiction littéraire de ses compatriotes Borges et Casares, évoquant l’encore récente dictature militaire et la guerre des Falklands, ‘L’Homme regardant le Sud-Est’ aurait mérité un meilleur destin que celui qui fut le sien. Passé inaperçu, le film inspirera plusieurs scénarios aux Etats-Unis, en premier lieu ‘K-Pax’ et ‘The Man From Earth’, sans jamais trouver d’autre reconnaissance que quelques critiques bien inspirés ayant, eux aussi, regardé fixement du côté du Sud-Est.

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