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Dans les coulisses de l'Ecla Théâtre

Rencontre avec la troupe du 'Livre de la jungle'

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Faire du neuf avec de l'ancien semble être le fer de lance de l'Ecla Théâtre, en témoignent les 'Fables' de La Fontaine slamées ou les danses tribales des loups de la jungle. A travers ses créations contemporaines, la compagnie met à l'honneur les textes fondateurs et l'interdisciplinarité de la scène depuis 1987. A la fois voix et corps, les comédiens, danseurs et musiciens de cette compagnie initient les plus jeunes aux thèmes récurrents de la littérature, entre poésie et humour décalé. Le désespoir amoureux, la quête du Graal, les rites initiatiques du passage à l'âge adulte, ou encore les liens troubles entre l'homme et l'animalité peuplent ainsi le choix des pièces. Depuis deux ans, le nouveau directeur dit s'appliquer à « garder des pièces traditionnelles du répertoire de manière ludique, et faire entrer de nouveaux metteurs en scène selon des choix de cœur ».

Destinée aux particuliers comme aux scolaires, la « Fabrique de théâtre » propose chaque année de nouvelles créations. La saison 2012-2013 met notamment en scène le 'Livre de la jungle', le 'Songe d'une nuit d'été' de Shakespeare sur les chants baroques de Purcell et la 'Reine des neiges' d'Andersen portée par Beethoven. Molière a également la part belle dans la programmation, l'occasion pour les plus grands de revisiter leurs classiques et de balayer d'un trait livres du bac et clichés Walt Disney.

Si l'Ecla Théâtre s'accorde volontiers des excursions dans les festivals de province, il a bien ses lieux de prédilection. Quatre théâtres parisiens l'accueillent fidèlement : le théâtre de l'Atelier, le théâtre du Gymnase, le théâtre Antoine et le théâtre de la Porte Saint-Martin.


Sous la direction de la metteur en scène Alexandra Royan, sept artistes multidisciplinaires réinvestissent le 'Livre de la jungle' de Kipling : l'opportunité de redécouvrir Baloo, Kaa ou Bagheera aux côtés d'autres figures oubliées par Walt Disney. Noble tâche que celle de dépasser la bonhommie des personnages du célèbre dessin animé. A l'image de la vie du petit d'homme, la pièce oscille entre langage humain et instincts naturels. Texte épuré, danses tribales et contemporaines laissent enfin place à l'animalité. Des djembe, log drum, ou gong redonnent vie aux paysages exotiques de Kipling et rythment la fameuse loi de la jungle. A noter la drôlerie des anachronismes costumiers et chantés. Le parcours initiatique de Mowgli a tout pour charmer les plus jeunes. Il représente le besoin de complicité des être humains mais aussi leur attirance pour tout ce qui brille. La qualité de la pièce tient à ce qu'elle ne tombe pas dans la dichotomie simple entre l'homme et l'animal. Mowgli fait le singe, mais réciproquement et à l'image des animaux de La Fontaine, les travers humains sont aussi singés par les bêtes elles-mêmes : l'agressivité et l'espièglerie avec les punky Bandar Log ou encore l'orgueil et la frime avec le très disco Kaa. Par effet de miroir, on dépasse le paradoxe du lien fusionnel entre l'homme et l'animal et de l'exclusion irréductible de ces deux mondes.
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