Bien loti dans les fauteuils rouges de la Nouvelle Seine, nous patientons devant le rideau rouge à paillettes et au son de la playlist music’hall. Au lever du rideau, c’est la pin-up Valentina Del Pearls, hôtesse de notre soirée et leader de la troupe du Burlesque Klub qui fait les présentations. Le burlesque, ou spectacle d’effeuillage, est un art multiforme mêlant danse, comédie, glamour et exubérance. A grands renforts de plumes et de paillettes, les performeurs se dévoilent devant un public réceptif lors de numéros parfois doux et poétiques tout en plumes et arabesques, ou beaucoup plus excentriques, osés et provocateurs.
Show me how you burlesque !
Les numéros s’enchaînent et ne se ressemblent pas : tous portent la singularité de leur performeur. Car les artistes burlesques sont des créatifs accomplis : chorégraphes, interprètes, danseurs, comédiens, ils sont à l’origine de l’intégralité de leurs numéros, du costume à la chorégraphie en passant par les décors et les accessoires. Un art complet donc, et une énergie communicative. Mamzelle Plum'ti par exemple nous emmène dans un univers glamour chic et sexy des années trente, jamais sans son boa rose et sa longue chevelure. Les numéros de Kiki Béguin sont plus excentriques notamment par ses mises en scène surprenantes et créatives et des costumes aussi envoûtants que ses tatouages et sa crinière rouge. On croisera aussi les impressionnants cerceaux de Velvet Hoopnroll et l’inégalable Soa De Muse, unique boylesque - performeur burlesque au masculin - et danseur effréné de cette troupe haute en couleur.
Des paillettes, des paillettes et encore des paillettes
Au-delà du divertissement, le burlesque prône la beauté universelle. Les corps qui se découvrent sont uniques et parfaits à leur manière, sensuels et voluptueux quelles que soient les morphologies. A travers ce message artistique, les danseurs burlesques revendiquent la beauté sous toutes ses formes (et avec formes, si possible), la féminité assumée et l’acceptation de soi. Car il faut du courage pour se déshabiller en public, lumière projetée sur soi. A l'heure du culte de l'apparence et du jugement à outrance, ces femmes s'assument et revendiquent leur force et leur beauté tout en nous renvoyant à notre propre rapport au corps. Et le public - des couples de tous âges et des bandes de potes -, respectueux et la mine enchantée, leur rend bien. On ressort de là les zygomatiques bloqués sur un sourire et des paillettes plein les yeux, au sens propre comme au figuré.