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Journées du Patrimoine
© Château de Versailles

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Films • Le Monde de Krzysztof Kieslowski

Du 29 août au 30 septembre, les cinémas MK2 Bibliothèque et Hautefeuille proposent de (re-)voir en intégralité l'œuvre du cinéaste polonais francophile, auteur du très beau 'La Double Vie de Véronique' avec Irène Jacob, du 'Décalogue' et de la célèbre trilogie 'Bleu', 'Blanc', 'Rouge'. En parallèle à cette grande rétrospective, une exposition au MK2 Bibliothèque, composée de documents de travail et de photographies personnelles, permet également de découvrir l'univers de Kieslowski sous un autre angle, en particulier à travers des séries de photos réalisées à l'époque où il était étudiant, au milieu des années 1960, dans la ville de Lodz. Bref, une belle manière de rendre hommage au regard et à l'œuvre ambitieuse d'un très grand cinéaste européen. Le programme complet ici

Film • Wrong
  • Cinéma
  • Comédie

Quentin Dupieux signe avec ‘Wrong’ un film cocasse et singulier, qui fait figure d’ovni dans le paysage du cinéma français. Tourné aux Etats-Unis avec un casting américain (à l’exception d’Eric Judor), le troisième long métrage du versatile Versaillais surfe entre réalisme et abstraction. Le scénario, a priori moins décalé que pour ses précédents films, ‘Steak’ (2007) et ‘Rubber’ (2010), sert de trame à une série d’évènements insolites et anormaux – d’où le titre. L’ambiance, soutenue par une bande-son estampillée Tahiti Boy et Mr Oizo (le double musical du réalisateur), est imprégnée de l’angoisse symptomatique de tous les films de Dupieux. Son personnage principal, Dolph (Jack Plotnick), se réveille un matin sur les coups de 7h60, pour s’apercevoir que son chien – au patronyme beaucoup plus humain, Paul – a disparu. S’ensuivent des scènes burlesques, à la limite du surréalisme, dans lesquelles on sent pointer l’influence de Michel Gondry, avec lequel l’artiste fit jadis ses armes sur des vidéo-clips. Dialogue improbable au téléphone entre Dolph et une vendeuse de pizzas sur le pourquoi du comment du logo de la pizzeria, averse incessante au bureau auquel il continue de se rendre bien qu’il en ait été licencié, palmier qui se change en sapin... L’absurde surgit par touches et toujours au premier degré. Les seconds rôles, très réussis, sont tout aussi ubuesques. Tel le mystérieux philanthrope Maître Chang (un William Fichtner orientalisé), qui kidnappe des animaux domestiques afin d’assister plus tard aux émouvantes retrouvailles avec leurs maîtres, s’inspirant sans doute du proverbe : « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » On retrouve également avec plaisir Eric Judor donc, en jardinier français qui va vivre un cauchemar lynchesque avec Emma, une vendeuse de pizzas nymphomane (Alexis Dziena, charmante psychotique). Mais aussi Steve Little, l’hilarant acolyte de Kenny Powers dans la série ‘Eastbound and Down’, dans un emploi très différent de détective aux procédés de recherche assez spéciaux, et Mark Burnham en flic patibulaire dont le personnage est développé dans le Chapitre 1 de ‘Wrong Cops’ (spin-off déjanté, mettant en scène un Marilyn Manson démaquillé en ado qui se fait reprendre sur ses goûts musicaux). Au final, un film frais – malgré la pesanteur assumée des nombreux plans fixes –, qui s’inscrit dans la lignée d’un cinéma moderne, inventif et un peu barré, porté par des réalisateurs comme Michel Gondry et Spike Jonze.

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Film • Killer Joe
  • Cinéma
  • Thriller

Après nous avoir traumatisés en 1973 avec ‘L’Exorciste’, William Friedkin s’était depuis considérablement ramolli. ‘Killer Joe’, plongée aussi brutale que désopilante dans l’univers white trash américain, prouve que le réalisateur, quasi-octogénaire, sait encore choquer. Pour la deuxième fois, Friedkin adapte avec brio une pièce du dramaturge Tracy Letts, leur collaboration précédente, l’excellent ‘Bug’ (2006), ayant d'ailleurs ouvert à Michael Shannon une carrière prolifique de psychopathe à l’écran. Tout aussi dérangeant, ‘Killer Joe’ adopte ici le schéma classique du film noir : Chris, petit dealer terreux incarné par Emile Hirsch, doit beaucoup d’argent à la mafia locale, sous peine de finir six pieds sous terre. Naturellement, le jeune homme convainc alors son père de tuer sa mère, celle-ci détenant une assurance-vie de 50 000 dollars. En cas de décès, c’est l’innocente et influençable cadette, Dottie, qui empochera l’argent. Seulement, comme Chris et sa famille de rednecks sont visiblement trop stupides pour se charger du meurtre eux-mêmes, ils décident de faire appel à un spécialiste : Joe, chaussures de cowboy et regard meurtrier, un flic qui se fait un peu d’argent de poche en tant que tueur à gages. Mais pour s’assurer d’être payé une fois le crime commis, Joe, en bon professionnel, décide de garder la jeune et jolie Dottie comme acompte. Auparavant abonné aux navets et aux comédies romantiques, Matthew McConaughey livre ici la meilleure performance de sa carrière en psychopathe courtois mais redoutable. Tantôt charmeur, tantôt bestial, il vole la vedette à un casting pourtant excellent, entre la douce et lunaire Juno Temple et le couple de bouseux – qualifier ces deux-là de « vulgaires » ne serait qu’un doux euphémisme – formé par Thomas Haden Church et Gina Gershon. Terrifiant, ultra-violent, hilarant, ‘Killer Joe’ est une œuvre destinée à devenir culte, faite de dialogues ciselés et de scènes hautement mémorables. Plus couillu qu’un taureau texan, c’est le genre de film capable d’accompagner une scène d’extrême violence par le tube coquin “Strokin” de Clarence Carter, ou encore de vous traumatiser jusqu’à la fin de vos jours avec une simple aile de poulet KFC. A voir absolument (l’estomac vide).

Film • The We and the I
  • Cinéma
  • Comédie

Devant 'The We and the I', on se dit que Gondry est vraiment un petit malin : l'air de rien, son nouveau film, huis clos dans un bus scolaire, parvient à mêler audace formelle, veine autobiographique, fiction et documentaire avec humour et légèreté. 'The We and the I' suit ainsi un groupe de lycéens du Bronx, rentrant chez eux après leur dernier jour de cours, entre euphorie des vacances et mélancolie de la séparation. Et ce qui, d'entrée de jeu, paraît assez formidable, c'est que Gondry filme la jeunesse d'aujourd'hui avec beaucoup de sympathie et de justesse : je-m'en-foutisme, séchage de cours, souvenirs de coucheries alcoolisées entre camarades côtoient doutes intimes, situations familiales complexes ou déclarations d'amour maladroites par SMS. C'est bordélique, drôle, cruel, immature ; et parfois profondément affectueux, avec un touchant mélange de timidité et de sincérité brutale. Alors, au fur et à mesure du parcours et de ces portraits se dégage une véritable sensation de proximité avec ces ados. En revanche, comme souvent chez Gondry, on a l'impression que le film reste toujours plus ou moins délibérément en deçà de ses promesses. Et que le réalisateur n'envisage jamais de faire un « grand » film (ce qui serait quand même intéressant, vu qu’il en a manifestement les moyens), mais seulement de proposer un film cool. C'est à la fois sa limite et son charme. En tout cas, vu sous cet angle, il a certainement réussi.

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Film • Robot & Frank
  • Cinéma
  • Comédie

Etats-Unis, futur proche. Frank est un vieil homme qui vit seul. Une fille au Turkménistan, un fils à plus de 10 heures de route... Le paternel commence à frôler la sénilité, si bien que son fils, inquiet pour lui, lui offre le nec plus ultra en matière d’auxiliaire de vie : le VGC-60L, un robot à l’intelligence artificielle hors pair, programmé pour assurer toutes ses tâches quotidiennes et induire un semblant de cadre et de régularité au rythme de vie du vieux bougon. D’abord très circonspect quant à l’utilité d’un tel assistant, le réfractaire, ancien as du cambriolage, se surprend à apprécier peu à peu la compagnie de l’androïde. Jusqu’à ce qu’un événement a priori anodin lui fasse prendre conscience qu’on a oublié d’inculquer à son ami de fer le respect de la loi. De nouvelles perspectives s’ouvrent alors à lui... Comédie dramatique, film de cambriolage, film d’anticipation, ‘Robot & Frank’ combine beaucoup de genres à lui seul. En résulte une œuvre à la tonalité inédite, sonnant très Sundance, certes — il y a reçu le prix Alfred Sloan qui récompense les films en rapport avec la science et la technologie —, mais dont l’apparente simplicité sert un propos profond et complexe. Les thèmes de la solitude des personnes âgées, de la perte graduelle des facultés intellectuelles, du « vivant » non-organique et de l’obsolescence des supports matériels face au tout-numérique y sont abordés pêle-mêle avec drôlerie et finesse. Pour leur premier long métrage, le réalisateur Jake Schreier et le scénariste Christopher Ford ont eu la chance de compter parmi leur casting Frank Langella dans le rôle principal, Peter Sarsgaard pour prêter sa voix au robot, ainsi que Susan Sarandon en bibliothécaire désuète. Si le film est réussi, il le doit en grande partie à la performance de Frank Langella, acteur splendide de théâtre et de cinéma (il avait brillé entre autres dans son rôle de Nixon dans ‘Frost/Nixon’ de Ron Howard), dont le style rappelle notre Michel Piccoli national. Le duo qu’il forme avec son acolyte humanoïde donne lieu à des scènes tantôt joyeuses et comiques, tantôt poignantes et d’une tendresse infinie. L’autre élément qui fait à la fois la force et la beauté du film, c’est ce futur que nous pourrions bien connaître. Loin de la science-fiction abracadabrante, l’univers dans lequel interagissent Frank et son robot est on ne peut plus réaliste. Il emprunte moins à l’imagination qu’à une certaine logique évolutive, nous offrant une vision plausible de l’avenir et des questionnements éthiques qui nous attendent ou que nous nous posons déjà. Sondant ainsi le bien-fondé des innovations technologiques, le film pose un regard critique sur des comportements progressistes à la limite de l’extrême (la destruction des livres d’une bibliothèque au profit de la numérisation globale), ou leur strict inverse, représenté par le personnage de la fille de Frank jouée par Liv Tyler, gentille caricature de la militante écologiste et anti-robot. Le résultat, c’est un petit bijou de film indépendant, original et touchant.

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