À l’interstice du village, berceau du pré-impressionnisme, et de l’humus tapissé de rochers, là où les volets se ferment sur les galeries et s’ouvrent sur les clairières, une maison s’est réinventée sans tapage. La Folie Barbizon de Lionel Bensemoun (et Nicolas Saltiel, Chapitre Six) esquive les catégories : ni hôtellerie classique, ni friche artistique, mais un entre-deux bien pensé, sorte de logis d’un autre genre. Et à seulement une heure de Paris.
Des sculptures poussent sur les murs, des fresques attendent la nuit pour apparaître et des lampes, plutôt que d’éclairer, semblent vouloir converser avec le plafond. Si La Folie Barbizon tient si bien debout, c’est qu’elle respire par deux femmes à la main ferme et à l’âme sensible : Sarah Valente, à la direction artistique (et derrière la Greenline Foundation, pour la préservation des forêts à travers l’art), et Marion Collard, à l’architecture intérieure. La première a imaginé le Conte de Barbizon, fil conducteur discret qui traverse les chambres et relie les œuvres ; la seconde a repensé l’espace sans l’effacer.
Les chambres (21 au total, dont 3 suites, à partir de 160 €) ne sont pas numérotées mais nommées d’après des allégories comme si chaque porte ouvrait sur un monde à part. Sous les toits, Andrey Zouari a peint un ciel constellé. En redescendant, “La Mare aux Fées” (chambre 20), signée Constance Lafonta, compose un tableau végétal. Plus loin, dans “La Chambre du Magicien” (19B), John Fou convoque les marginalia médiévaux. Près de vingt artistes ont pris part à l’aventure.
Une fois les chambres refermées, la déambulation continue. Dans la salle aux airs de réfectoire bohème, le restaurant prolonge l’esprit du lieu. Une table juste, terrienne, menée par Éric Fava, passé par les étoiles mais enraciné ici. Le bar veille tard. Dans le jardin – capharnaüm mesuré dessiné par Estelle Marandon – la nature est laissée libre. Massifs mellifères, potager d’apprentissage, bancs de biais et quelques œuvres, encore.
Et puisque tout ici semble inviter à faire plutôt qu’à consommer, la maison déploie aussi une programmation généreuse : expositions, concerts, ateliers ou balades botaniques jalonnent les saisons. Les adultes y trouvent un terrain fertile pour contempler, tandis que les enfants, même tout petits, embarquent pour des aventures à hauteur d’imagination.