Après des mois d’insoutenable suspense, l’arlésienne hôtelière la plus sexy des Batignolles a enfin ouvert ses portes. Enfin, si on les trouve, car le lieu est si discret en matière de devanture qu’on a d’abord raté l’entrée. En pénétrant dans le lobby, on découvre la touche brutaliste d’un décor signé Robin Standefer et Stephen Alesch (à la tête du célèbre studio new-yorkais Roman & Williams), qui donne au bâtiment un air vaguement japonisant. Une apparente sobriété derrière laquelle se cache un véritable sens du détail : curation artistique confiée à la galerie Amélie Maison d’Art, signature olfactive Lola James Harper, logo signé par l’agence Notoire...
Un name dropping qui attire trois types de clients : les claustrophobes en TT venus s’attabler au rez-de-chaussée dans une brasserie de 45 couverts donnant sur la rue, où officie le chef Thomas Rossi, un ancien de chez Jean-François Piège ; les adeptes de sueur en sous-sol aimantés par un spa et fitness club avec mur d’escalade, piscine semi-olympique, équipements high-tech et coach en micro-short ; et puis ceux qui viennent, bob vissé sur le crâne, profiter du rooftop et de sa vue panoramique sur la tour Eiffel, jouxtant une seconde table plus haute facture, dans tous les sens du terme.
Au total, 58 chambres dont trois suites se déployant sur sept étages, chacune disposant d’une large baie vitrée généreusement ouverte sur l’extérieur – prière de garder son slip jusqu’à extinction des cieux –, avec mobilier de bois blond, béton brut, literie où ronronner comme un Garfield, mini-bar de paresseux avec des cocktails prêts à boire de chez Cravan… En somme, une adresse qu’on voudrait présenter à ses parents.