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Critique

Mandarin Oriental Lutetia

5 sur 5 étoiles
Il y a des hôtels où l’on dort. Et puis il y a le Lutetia, où l’on est accueilli comme un chapitre de plus dans une épopée centenaire.
  • Hôtels
  • Rennes-Sèvres
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Marine Delcambre
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Time Out dit

Il suffit d’arriver au coin du boulevard Raspail et de la rue de Sèvres pour comprendre qu’on ne met pas les pieds dans un pan de la mémoire parisienne. Le Lutetia n’est pas qu’un cinq-étoiles : c’est un monument-palace qui a vu passer Picasso, Matisse, James Joyce en pleine écriture d’Ulysse, Joséphine Baker entre deux tours de chant, ou même De Gaulle, venu y passer sa lune de miel. Un établissement occupé pendant la guerre, puis transformé en refuge pour les rescapés des camps, avant d’être repensé dans les années 80 par Sonia Rykiel avant Jean-Michel Wilmotte en 2018. Et qui, depuis, continue de fasciner les esthètes de la Rive gauche, d’Isabelle Huppert à David Lynch.

Un grand vaisseau de pierre blonde, sculpté dans un style Art nouveau, avec ses lignes souples, ses balcons arrondis, ses ferronneries fleuries et ses moulures végétales. Conçue en 1910 par Louis-Hippolyte Boileau, la façade tranche avec les immeubles haussmanniens voisins. À l’angle, le dôme de l’aile nord ajoute une note balnéaire, clin d’œil au grand hôtel de villégiature que le Lutetia entendait être à l’origine. Dès qu’on pousse la porte tambour, quelque chose se passe. Une bulle. Ni snob, ni figée sous cloche – non, de celles où l’on se sent étrangement attendu. Il y a quelque chose d’irrationnel, presque maternel, dans cette façon qu’a le Lutetia de vous envelopper. Surtout quand on débarque avec un bébé de 10 mois, une YOYO en mode tank, trois biberons tièdes et l’air cerné que seuls les jeunes parents reconnaissent chez les autres.

Direction la chambre – une Suite Junior, 50 m² baignés de lumière, avec un coin salon, un bureau, un balcon privé et une salle de bain en marbre. Le lit bébé est déjà installé au pied du king size, la cape de bain brodée à son nom pliée avec un soin chirurgical, la peluche-chien médaillée « Lutèce » posée en sentinelle sur l’oreiller. Sur la commode, un babyphone prêt à l’emploi, le chauffe-biberon déjà branché. Dans la salle de bain, la baignoire pour bébé s’est glissée dans celle en marbre blanc de Carrare, les flacons Minois Paris sont alignés comme à la parade. Et tout ça, sans avoir rien eu à demander.

Mais ce n’est pas juste une question de logistique. C’est un sentiment rare : celui d’être mise en cocon. Pris en charge, pas infantilisé. Le personnel a un sens du détail quasi-télépathique : un regard, et tout est anticipé. Pas de sourire forcé, pas un mot de trop – juste ce qu’il faut pour qu’on lâche prise, enfin. Sur le balcon, la Rive gauche s’étale à perte de vue. Saint-Germain-des-Prés en ligne de mire. Quand l’appel du lit se fait sentir, on commande un club sandwich en room service – servi en moins de vingt minutes, sous cloche argentée, avec des frites dorées. Même ça, ici, est pensé pour réconforter. Rien d’ostentatoire, juste ce qu’il faut de générosité.

À peine le temps de jeter un œil à la piscine de dix-sept mètres, lovée sous les fondations du Lutetia comme un secret chuchoté. On n’y aura pas trempé le moindre orteil, ni noué le moindre peignoir, mais il suffit d’un regard pour saisir que le Spa Akasha ne relève pas du simple agrément. Soins du visage calibrés au micron, coaching sur tapis moelleux, massages à faire pleurer un ostéo. L’endroit rêvé, paraît-il, pour lancer ou clore sa journée sur la Rive gauche. Et l’on s’incline volontiers devant cette promesse.

Infos

Adresse
45 Boulevard Raspail
Paris
75006
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