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Baby come back : les pires et les meilleurs retours dans la musique

Huw Oliver
Écrit par
Huw Oliver
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Quand les héros écossais de l’indie noise The Jesus and Mary Chains ont annoncé récemment qu’ils retournaient en studio après dix-sept ans de pause, beaucoup de gens semblaient sincèrement contents d’apprendre l’info. « Enfin ! », « Des nouveaux titres ! », « C’est pas trop tôt ! », disaient-ils. Mais est-ce bien raisonnable de s’exciter autour de ce comeback ?

Revenir aux affaires après un long temps d'absence, c’est l’occasion de graver dans le marbre sa postérité, c’est certain, mais ça peut aussi détruire une réputation. Tout nouveau répertoire sorti par un groupe se doit de tenir la comparaison avec les anciens tubes (et les Jesus and Mary Chains en comptent pas mal), tout en étant suffisamment audacieux pour valoir cette longue attente. En gros, le pari n’est pas gagné d’avance, et seul le temps nous dira si ce comeback en particulier tiendra la route.

Pour l’instant, contentons-nous d’observer trois des meilleurs et trois des pires comebacks de l’histoire récente.

LES MEILLEURS

Sleater-Kinney : ‘No Cities to Love’

Le temps qu’il a fallu : 9 ans

Entre 1994 et 2005, Sleater-Kinney a publié sept albums. Ce groupe de riot grrrl était considéré comme une formation à la fois prolifique et consistante, avec des hits underground dans chaque album. Personne n’aurait pensé que le hiatus initié en 2005 s’éterniserait dix ans. Mais quand Sleater-Kinney est revenu cette année, ce fut avec un tel aplomb et un esprit si délicieusement punk, qu’on eut l’impression qu’elles n’étaient jamais parties. Parmi leurs huit albums, celui-ci pourrait bien être le meilleur.

My Bloody Valentine : 'MBV'

Le temps qu’il fallu :
22 ans

Grosse attente autour des icônes du shoegaze My Bloody Valentine en 2013. Le groupe avait sorti l’un des plus grands disques des années 1990 avec ‘Loveless’ (et aussi dépensé 250 000 € tirés de leur label Creation Records pour le produire). Malgré une reformation en 2007, il leur fallut encore six ans pour se mettre au boulot et sortir ‘MBV’, mais ça valait le coup d’attendre. D’un point de vue sonore, le disque n’offre pas de grandes différences avec leur matériel plus ancien, mais il maintient cette complexité intemporelle qui définit le style du groupe. Il est aujourd’hui quasiment devenu un classique.

'Syro' d'Aphex Twin



Aphex Twin :
'Syro'

Le temps qu'il a fallu : 13 ans

Richard D. James, mieux connu sous le blase Aphex Twin, n'a jamais déçu. Pourtant, personne n’envisageait un succès aussi phénoménal pour ‘Syro’. Entre ce nouveau venu et l’opus précédent… treize ans d'attente durant lesquels James s’est juste produit quelques rares fois sur scène en Grande-Bretagne ou en Europe.

'Syro' sonne la fin de sa retraite. Et l’album est aussi étrange, intelligent et parfait qu’on l’avait espéré. Unanimement acclamé par la critique, il a même récolté un Grammy Award 2015 pour le meilleur album dance/électro. Jamais auparavant Aphex Twin n’avait connu un tel succès. Plutôt impressionnant pour quelqu'un qui donne des titres incompréhensibles à ses morceaux, tels que ‘fz pseudotimestretch+e+3 [138.85]’ et ‘minipops 67 [120.2] (source field mix)’.

LES PIRES :

The Stooges :
'The Weirdness'

Le temps qu'il a fallu : 34 ans

Réchauffer un très vieux plat qui traîne dans le frigidaire n'est jamais une bonne idée. Il aurait été judicieux de le rappeler à Iggy Pop et sa bande, coupables du pire comeback en 2007 avec ‘The Weirdness’, leur premier album depuis trente-quatre ans (!) après l’ultra classique ‘Raw Power’ de 1973. Les critiques sont unanimes, hélas pour descendre le groupe en flammes. Prenons Pitchfork, par exemple, qui lui donne la terrible note de 1/10 en déclarant qu’il s’agit « d’une insulte au travail initial et original du groupe ». Pour la faire courte, on parlera donc non seulement du pire comeback jamais vu mais aussi d’un des albums les plus atroces de tous les temps. Jackpot !

Pixies : 'Indie Cindy'

Le temps qu'il a fallu : 23 ans

Plusieurs groupes de musique alternative des années 1990 possèdent un point commun : un comeback foiré. De ‘Zeitgeist’ des Smashing Pumpkins à ‘Push and Shove’ de No Doubt, en passant par Hole et leur ‘Nobody's Daughter’, ces disques sont au mieux à oublier, au pire carrément épouvantables. Mais le plus mauvais d’entre eux reste sans doute celui des Pixies, avec leur terrible ‘Indie Cindy’. Pourquoi ? Parce qu'il devrait être interdit de sortir une telle parodie d’indie rock après des pépites telles que 'Doolittle' ou ‘Trompe Le Monde’. Nous sommes hélas loin des Pixies qu’on aime.

Un sosie d'Axl... ha non, c'est Axl Rose



Guns N' Roses : 'Chinese Democracy'

Le temps qu'il a fallu : 15 ans

Faut-il vraiment évoquer celui-ci ? 'Chinese Democracy' est sans doute l'album de comeback le plus célèbre et le plus dantesque de tous les temps. C'est aussi le disque le plus cher jamais réalisé, totalisant 13 millions de dollars de coûts de production. Entre les changements de personnel, les disputes juridiques et l'ego surdimensionné d'Axl Rose, les délais se sont vite accumulés. Le groupe commence à travailler en 1997 et il entre en studio en 1999, avant de réenregistrer le disque entièrement un an plus tard. Le chanteur, considérant l'album encore inachevé et renouvelant sans cesse ses musiciens, prend du retard sur la sortie de 'Chinese Democracy', qui sera publié définitivement en novembre 2008. En dépit de débuts encourageants dans les charts, le disque ne convainc ni le public ni les critiques. Quinze ans et 13 millions de dollars pour un disque banal : la montagne accouche souvent d'une souris.

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