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‘Brooklyn Village’ : du Ozu pour hipsters ?

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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La gentrification new-yorkaise vue par deux ados complices, dans le nouveau film d’Ira Sachs.

C’est en 2012 qu’on avait pu découvrir Ira Sachs, avec son drame intimiste ‘Keep the lights on’ (récompensé d’un Teddy Award berlinois). Après ‘Love is strange’ en 2014, le réalisateur américain revient avec ce ‘Brooklyn Village’ – dont on pourrait sans doute préférer le titre original : 'Little Men'.

En effet, c’est bien à deux petits hommes qu’on a ici affaire. A 13 ans, le premier, Jake (Théo Taplitz) emménage avec ses parents dans un appartement de Brooklyn, tout juste hérité de son grand-père paternel. C’est ici qu’il se lie d’amitié à Tony (Michael Barbieri), fils d’une couturière latino-américaine, Leonor (Paulina Garcia), qui travaille au sein du même immeuble dans une boutique au rez-de-chaussée. Bientôt, la complicité du duo d’adolescents paraît idéale : le caractère de Tony, gouailleur et aspirant comédien, semblant parfaitement contrebalancer celui du timide Jake, qui rêve, pour sa part, de devenir dessinateur.

Pourtant, les histoires d’adultes vont bientôt venir ternir ce charmant tableau… Voyant les difficultés financières se profiler à l’horizon, les parents de Jake – dont le père, acteur, ne touche que de maigres cachets – vont ainsi chercher à réévaluer le loyer de la boutique de Leonor, ancienne amie du grand-père décédé. Devant les tensions entre leurs parents, les deux ados vont-ils voir leur amitié prendre peu à peu l’eau ? Ou au contraire, réussiront-ils à développer une stratégie de contestation du médiocre monde des adultes ?

C’est vrai que face à un film comme ‘Nocturama’ (par exemple) ou simplement devant l’actualité de notre quotidien malade, l’intrigue de ‘Brooklyn Village’, entre gentrification, néo-bobos et néo-prolos, peut paraître ténue, légère, voire anecdotique. Pourtant, la réalisation d’Ira Sachs n’est pas sans faire penser à une sorte de cousin éloigné de Woody Allen qui lorgnerait vers le cinéma de Yasujirō Ozu – référence d’ailleurs avouée du cinéaste.

Sans être révolutionnaire (on l’aura compris, ce n’est pas son propos), ‘Brooklyn Village’ réussit effectivement bien à émouvoir par sa simplicité, faisant finalement preuve d’un charme assez singulier, en nous transmettant quelque chose de la pureté des idéaux adolescents face au monde des adultes. Un film joli et délicat.

'Brooklyn Village' d'Ira Sachs : bande-annonce

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