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Budget participatif : pourquoi votre avis compte (vraiment)

Écrit par
Céline Astorg
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Le Budget participatif de la Ville de Paris, c’est un peu l’eldorado des rêveurs et autres râleurs en tous genres, paradis de tous ceux qui ont une idée sur tout et qui, « s'ils étaient au conseil municipal », feraient vite fait bien fait de leur ville une cité intelligente, propre et agréable. Bref, amis parisiens, le Budget participatif est fait pour vous.

Désormais présent dans de très nombreuses villes de France, le Budget participatif constitue une délicieuse vengeance. A tous ceux qui ont été un jour horrifiés par telle colonne de Buren coûtant 28 000 € pièce (rénovation comprise) ou éberlués par tel banc public transformé en chaises privées isolées (des fois que de farfelus retraités oseraient tailler le bout de gras avec le voisin, spéciale dédicace à la Mairie du 14e et son square Gaston Baty), le Budget participatif vous rend honneur. 

Initialement expérimentés avec un succès modéré à Porto Alegre en 1989, les Budgets participatifs ont pris depuis du poil de la bête et semblent avoir de beaux jours devant eux. Saluons ces alternatives aux contestations et aux pétitions lettres-mortes, qui passent la main à la construction citoyenne.  

Mazette, un demi-milliard d’euros d’ici 2020 !

Le Budget participatif représente 5 % du Budget d'investissement de la Ville de Paris, sur lequel chacun peut désormais donner son avis et influer. Tous les Parisiens, sans condition d'âge ou de nationalité, sont donc priés de noter ces dates dans leur agenda :

- Du 24 janvier au 21 février 2017 : dépôt des projets issus d’associations, écoles et collectifs de tous poils

- De mars à mai : ateliers de co-construction de projets issus de propositions convergentes

- De mars à septembre : consultation des projets proposés

- En septembre : à vos clics, citoyens ! C’est le moment du vote !

- En décembre : financement des projets lauréats adoptés lors du vote du budget primitif du Conseil de Paris 

Fait ou pas fait… Retour sur les précédentes éditions

Nous avons passé au crible les projets lauréats depuis 2014 et il semble que quelques retards aient déjà été pris dans les chantiers. Nous vous invitons à chausser vos lunettes et à suivre les évolutions, en cliquant ici.

On peut néanmoins se réjouir que la très grande majorité des projets de végétalisation dans la catégorie « Cadre de vie » aient été entamés. Petits bémols, début 2017 on attend toujours les nouvelles toilettes publics… et dans la catégorie « Solidarité et cohésion sociale », seulement 5 projets sur les 23 votés l’année dernière ont été entamés, et 1 seul a été achevé. Si l’honneur est sauf, avec les arbres fruitiers plantés en temps et en heure rue Montorgueil, on encourage à l’unisson la Mairie pour donner voix aux personnes SDF, entre autres. Allez, encore un petit effort ! 

Le budget en "si" bémols mineurs

Pour information, sont exclus du Budget participatif les projets concernant les transports, exit donc le RER D à grande vitesse. Même si en 2017 la RATP fait partie des partenaires. On espère que le STIFF et son champ de compétences étendu seront autour de la table en 2018.

Est exclu également tout projet qui inclut un coût de fonctionnement trop élevé. De fait, la plupart des propositions concernant l’intégration des personnes en difficultés et la prise en charge durable des personnes SDF, pourtant moins coûteuse que l’hébergement d’urgence, sont hors compétition.

Les vélos sont les grandes victimes du succès du Budget participatif de 2016. Le plan de l’amélioration des pistes cyclables ayant déjà été mis en branle par la Mairie, plus aucun projet entrant dans ce cadre n’est accepté cette année ; le lobby des deux-roues entre en hibernation pour un an. A noter également que les populaires projets de végétalisation entrent désormais exclusivement dans le cadre du Permis de végétaliser.   

Des critiques pointent le bout de leur nez avec leurs lots de craintes concernant les équipements de première nécessité. En ligne de mire notamment les projets relatifs au nettoyage de l’espace public et à la rénovation de toilettes des écoles, dont le risque serait qu’ils soient soumis au bon vouloir de Madame Tout le monde et au lobbying dévergondé des parents d’élèves.

A terme, on peut espérer que ces 5 % pris dans le Budget d'investissement de la Ville de Paris se transforment en 10, 15 et pourquoi pas 20 %. Car rappelons que le total du Budget d'investissement ne représente que 18 % du budget total de la mairie : 5 % de 18 %, sortez les calculettes ! 

Malgré ces bémols, en ces temps tourmentés par les dépenses frauduleuses des finances publiques, on ne peut que se réjouir de voir la transparence et le bon sens des habitants compléter les prises de décisions de nos élus.

Pour anticiper les critiques, nous souhaitions rappeler aux Parisiens que les années précédentes, aucun projet n’a été choisi dans la catégorie « Ville numérique et intelligente ». Prévoyons donc dès aujourd’hui des contre-arguments pour ceux qui nous diront que l’on dessine pour demain une ville bête et sans wifi. Sans rancune !

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