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idée anti-gaspi nature
©Flickr/Mattwalker69

COP 21 : 5 bonnes idées anti-gaspi à piquer aux voisins

Écrit par
Clotilde Gaillard
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Chaque Français produit en moyenne 530 kilos de déchets par an selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Imaginez, c’est approximativement le poids d’un taureau landais ! Avec d’aussi mauvaises statistiques, pas étonnant que notre pays soit l’un des cancres européens en matière de gaspillage. A moins d’un mois de la COP21 (ce sommet international sur le changement climatique se tenant… à Paris), si c’était le moment de revoir notre copie ? Et d’aller piocher, chez nos voisins étrangers, quelques bonnes idées pour moins gaspiller.

Le GoedZak néerlandais

Que faire de la peluche encore intacte du petit dernier mais dont il ne veut pas parce qu’il n’est « plus un bébé » ? De la tasse non ébréchée dont les motifs ringards vous donnent la nausée ? Ou tout simplement des objets du quotidien en état de marche mais avec qui ça ne fonctionne plus ? D’instinct, on ouvrira le sac poubelle pour les y fourrer. Sauf aux Pays-Bas où, au lieu de mettre aux ordures ces biens de consommation toujours opérationnels, les gens peuvent les  « GoedZaker ».

Pas de panique, cela n’a rien à voir avec une commode Ikea. D’ailleurs, ce principe s’assimile bien plus facilement que le mode d’emploi d’un meuble en kit : imaginé par le cabinet de design néerlandais Waarmakers, le GoedZak est un sac en plastique hermétique, ouvrable et refermable grâce à un zip, qui sert à stocker les bibelots malaimés. Une fois rempli, le GoedZak se dépose dans la rue où les passants peuvent librement y faire leur marché et emporter ce qui leur plaît. Un système de don anonyme qui avantage tout le monde. Alors, plutôt que de les jeter, laissons à nos vestiges du passé la chance d’avoir une seconde vie dans un autre foyer.

© Waarmakers


S’éclairer aux épluchures, comme au Royaume-Uni

Aujourd’hui c’est jour de fête : on a décidé de cuisiner des produits frais. Après la séance d’épluchage des légumes, n’ayant pas de tas de compost car rien à faire pousser sur notre balcon de 5 cm2, on vide les pelures à la poubelle. Un geste qui, de l’autre côté de la Manche, s’apparente à un crime de lèse-majesté. Chez nos voisins d’Angleterre, les méthaniseurs – concrètement, les usines chargées d’extraire le méthane du fumier – reçoivent en effet des aides publiques. Par conséquent, les Britanniques, enfin surtout les habitants de Ludlow sur la côte ouest, collectent tous leurs déchets alimentaires organiques. Récupérés par une usine locale, ces derniers sont ensuite incinérés et transformés en méthane. Un gaz finalement revendu à la chaîne de magasins Marks & Spencer pour en faire… de l’électricité. Ainsi, les fruits et légumes présentés sur la plupart des étals de la firme sont éclairés grâce à leurs congénères végétaux. Un circuit fermé qui devrait tous nous ouvrir à de nouvelles perspectives.

©Flickr/I-5Design

Des frigos en libre-service à Berlin

En voyant ce filet d’un kilo de pommes de terre en promo, on a oublié qu’on vivait seul avec un chat pas vraiment friand de patates. Résultat : à force de manger de la purée tous les jours, on a l’estomac saturé d’amidon alors qu’il reste encore plus de la moitié des tubercules à manger. Pour tous ceux qui ont, comme nous, les yeux plus gros que le ventre, l’association allemande Lebensmittelretten – à vos souhaits ! – a donc installé plusieurs dizaines de frigos vides dans les rues de Berlin. Les acheteurs compulsifs qui évaluent mal les quantités peuvent ainsi y entreposer leur surplus de nourriture au lieu de laisser périmer les aliments chez eux. Vient ensuite s’y servir qui veut, bien que ce principe de « foodsharing » soit en priorité pensé pour les personnes dans le besoin.

Le frigidaire en libre-service, une opération solidaire à laquelle participent de plus en plus de particuliers, mais aussi des grandes surfaces. Un exemple qui mériterait d’inspirer les enseignes françaises, où la récupération de denrées invendues demeure, malheureusement, encore taboue.

©DR

En Belgique, on fait de la bière avec le pain rassis

Recycler les vieux croûtons en faisant du pain perdu, c’est calorique et puis ça peut vite écœurer certains. Quant à nourrir des pigeons déjà obèses avec nos restes de baguettes, bof. Face à l’insoluble problème du pain rassis, nos voisins belges du Brussel Beer Project ont heureusement trouvé la parade : en faire de la bière !

Nommée Babylone, cette boisson originale s’obtient à partir de pain dur réduit en farine puis fermenté. Il faut une demi-tonne de cette insolite matière première pour produire 4 000 litres de cervoise, ce qui équivaut à une tranche et demie de pain dans chaque bouteille de 33 cl. Bref, pas besoin d’être un génie pour le deviner : Babylone sert la bonne cause mais moins la ligne de certains, qui risquent de trinquer en devenant aussi ronds que notre chère planète.

Adeptes des créations particulières (comme la Bloody Pumpkin, soit une bière à la citrouille), les deux brasseurs wallons du Brussel Beer Project n’ont cependant fait que remettre au goût du jour une bonne idée. Ce principe de pain liquide fermenté est en effet hérité des Mésopotamiens qui le pratiquaient... il y a 7 000 ans. Preuve que ce sont dans les plus vieilles cuves qu’on brasse les meilleures bières.    



Le « Mottainai » à la japonaise

Au Japon, la culture de l’anti-gaspillage s’apparente à un mode de vie, voire à une religion. Elle porte même un nom : le « Mottainai » (qu’on pourrait traduire par « dégoût de la gabegie »). Présent dans les habitudes des Nippons depuis la nuit des temps, le « Mottainai » s’est véritablement imposé après la Seconde Guerre mondiale. Meurtri physiquement et économiquement, le pays du Soleil-Levant devait alors faire face à la raréfaction de ses ressources naturelles, déjà peu abondantes compte tenu de son climat et de sa géographie insulaire.

Aujourd’hui profondément ancré dans la mentalité des Japonais, le « Mottainai » se traduit au quotidien par des gestes simples, mais aussi des décisions prises à l’échelle nationale. Outre les boîtes d’œufs en papier recyclé, le système d’alimentation des chasses d’eau par les eaux usées ou encore le retour en force du « furoshiki », un tissu privilégié au plastique pour emballer les objets, le gouvernement a ainsi adopté en 2001 une loi obligeant les entreprises agroalimentaires à recycler leurs déchets. De même, en 2005, le Premier ministre d’alors, Junichiro Koizumi, a préconisé le « cool biz » dans les entreprises en été. Soit l’autorisation pour les employés de laisser veste et cravate au placard afin de réduire le dioxyde de carbone émis par la climatisation. Autant d’initiatives ingénieuses qui poussent Tristram Stuart, auteur du livre 'Global gâchis' (éditions Rue de l’Echiquier, 2013), à considérer le Japon comme une « terre d’espoir » dont il faut inspirer.

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