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Créativité, convivialité et confidences : voici à quoi ressemble un atelier d'écriture

Écrit par
Clotilde Gaillard
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Grâce à Mathilde et sa « fabrique onirique », on a découvert que notre plume en disait long sur notre personnalité.

Ecrire sur un atelier d'écriture : dit comme cela, on s'aperçoit que ça fait un peu 'Inception' de la rédaction. Est-ce qu'on ne va pas se perdre dans notre récit, mélanger les temps et les histoires ou tourner en rond comme une toupie qui ne s'arrêterait jamais ? (Tiens tiens, ça nous rappelle quelque chose cette image...)

Et d'abord, peut-on seulement apprendre à écrire ? Après tout, n'est pas Victor Hugo qui veut... C'est vrai, Mathilde ne s'en cache pas : son atelier d'écriture n'a rien d’un cours de phraséologie. Cette joviale trentenaire, étudiante à Paris VIII et conseillère littéraire, ne se targue pas de nous enseigner la recette miracle qui nous aiderait à pondre le prochain best-seller. Elle entend surtout nous apprendre à ne plus avoir peur de la page blanche et à laisser s'exprimer nos émotions.

L'inspiration a mille horizons

Afin de permettre à ses gratte-papier du jour de livrer leurs plus profondes inspirations, Mathilde a donc pris le parti d'organiser ses ateliers à domicile. Partager son intimité pour mettre en confiance et nous rendre plus propice aux confidences : voilà qui est plutôt logique. En ce mardi soir, on pénètre donc dans un petit studio de la rue Princesse, encombré de livres et d’une longue table rectangulaire pleine de victuailles et de carafes d’eau. Détail important car, contrairement à un précédent atelier où l’expérience d’ingurgiter quelques verres de rhum pour se désinhiber littérairement fut menée, nous carburerons cette fois à une boisson plus raisonnable.  

(De gauche à droite) Chris, Claudine, Mathilde, Solène et Nancy.
© C.Gaillard

Nous sommes sept – en comptant Mathilde – à nous asseoir autour de cette table ce jour-là. Que des filles (les garçons seraient-ils trop timides ?), aux âges et aux aspirations diverses, assistant pour la plupart à leur premier atelier. Il y a par exemple Solène, directrice clientèle dans le marketing et désireuse de peaufiner son style, elle qui tient un blog humoristique sur son temps libre. On fait aussi la connaissance de Nancy, la doyenne du groupe qui a besoin de fumer pour écrire, et Claudine, poète qui rêve de signer une nouvelle. Sans oublier Chris, photographe souhaitant expérimenter un autre médium artistique, ainsi que Mathilde, jeune femme aux cheveux bleus et au caractère bien trempé. « Je ne veux pas qu’on commente mes textes », annonce-t-elle d’emblée. Dommage, les remarques de Mathilde se révéleront pourtant extrêmement instructives. 

Entre introspection et dialogue 

Le thème de cette soirée sera l’autoportrait. Comme à l’école, Mathilde nous distribue une feuille d’exercices. Toutefois, bien que ravivant des souvenirs scolaires, les consignes s’avèrent amusantes et stimulantes. Première étape : décrire le livre que l’on se verrait bien incarner, en douze minutes chrono. Et pas besoin de faire un roman : chacun va à son rythme et rempli le nombre de pages qu’il souhaite sur son cahier. Les stylos courent sur les pages quadrillées alors que les échos du dehors nous parviennent par la fenêtre ouverte. « Heureusement, car le silence est parfois angoissant », nous glisse la bavarde et rigolote Nancy. D’ailleurs, la disciplinée Claudine est du même avis, elle qui n’arrive à rédiger qu’avec de la musique dans les oreilles.

Une fois notre rédaction terminée, tout le monde est invité à lire son texte à haute voix, tour à tour. Chris s’imagine en carnet de voyage au travers d’un récit très visuel tandis que Solène adopte un ton drôle et utilise inconsciemment le mot « accrocheur ». « Les témoignages d’une déformation professionnelle », souligne justement Mathilde. Des constats qui poussent au débat et à une analyse de son « moi » profond. Ainsi, ces quelques lignes permettent d’en apprendre bien plus sur nos camarades qu’une simple présentation orale. Et démontre que c’est la sincérité qui fait la beauté de l'écriture et non les tournures de phrases alambiquées.

© C.Gaillard

A la pêche aux mots

Le second jeu littéraire consiste à raconter une histoire avec trois mots piochés au hasard dans un petit bol. Un travail d’invention excitant mais pas toujours facile. Surtout lorsqu’il faut narrer le destin d’une brosse à dents avec les termes « absence », « gifle » et « eau ». Notre cerveau turbine, l’imagination tourne à plein régime et puis soudain l’encre finit par couler à flots de notre stylo. Comme si nous avions été touché par la grâce. A se demander si le fait de transformer cette occupation solitaire en activité commune ne nourrirait pas notre style et notre créativité. « Je pense que si », nous confirme Mathilde. « C’est d’ailleurs cet échange, nos discussions après lecture et cette générosité émancipatrice qui me pousse à animer des ateliers depuis trois ans », ajoute-t-elle. Ca et l’ambiance conviviale, bienfaisante, qui règne dans ce petit 12 m2.

Alors certes, les ateliers d’écriture de Mathilde ne feront pas de nous le prochain Prix Goncourt mais qu’importe. On s’imagine déjà envoyer un manuscrit à Gallimard et bouter Marc Levy hors de nos librairies… Décidément, une fois lancée, notre imagination devient débordante !

Quoi ? • Atelier d'écriture 'Rémanence des mots' par Mathilde.
Où et quand ? • Ateliers hebdomadaires à son domicile, les lundis et mardis à 19h30. Ateliers mensuels au Nuage Café, le samedi à 13h30.
Combien ? • 15 € l'atelier d'une heure et demie.

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