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Fermeture de l'application Vine, qui a haussé les vidéos de 6 secondes au rang d'art

Écrit par
Emmanuel Chirache
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Dans le monde sans pitié des applications, Vine vient de perdre une bataille. Twitter annonce en effet la fermeture de l'application, qui pourrait être rachetée par Pornhub dans les prochaines semaines. On le sentait venir depuis quelques mois : la concurrence de Snapchat et Instagram, désormais adaptés aux vidéos, ont rendu Vine ringard à la vitesse de la lumière. Lancé en 2013 sur Android et Ios, ce format de vidéos avait pourtant engendré un souffle de création inédit sur le web, grâce à la contrainte géniale des six secondes.

A l'origine, impossible d'ajouter de la musique, de réaliser un montage en post-production ou de produire des vidéos chiadées avec une caméra pour ensuite les enregistrer sur l'application. Il s'agissait de tourner ici et maintenant les vidéos avec son téléphone, en réalisant le montage au fur et à mesure. L'austérité de Vine rendra d'autant plus imaginatifs ses utilisateurs, même si avec le temps et l'expérience, les mises à jour ajouteront des fonctionnalités de plus en plus complexes, qui rapprocheront l'application d'un petit logiciel vidéo. 

Le magicien star Zach King vient de choper la tour Eiffel



Aux Etats-Unis, des comédiens rendus célèbres par Vine

Dans un premier temps, Vine fut surtout prisé par les humoristes, les artistes et les fans de sport. Certains y trouvaient là une parfaite expression pour leur créativité, d'autres un bonne source d'informations, et tous une belle vitrine pour se faire connaître. Tours de magie, sketches, montages délirants, captures d'images sportives (au détriment des droits télé), interprétations musicales, danse, satire politique, délire sur Ryan Gosling qui ne veut pas manger ses céréales (voir infra), mini-séries, les « Viners » vont exploiter au maximum les six secondes pour en tirer la quintessence, révélant par là des trésors d'ingéniosité. 




Aux Etats-Unis, des stars de la comédie ou de la chanson doivent leur célébrité à l'application. Hélas, qu'ils sentiront le vent tourner, ils la délaisseront pour migrer vers YouTube, Instagram et Snapchat, plus rentables. C'est le cas par exemple des hilarants Rudy Mancuso (lequel a supprimé son compte Vine), Brandon Calvillo, Matt Cutshall, Brittany Furlan, Lele Pons, ou encore le magicien Zach King, pour n'en citer que quelques-uns. En France, certains humoristes et Youtubeurs s'y intéresseront également avec succès, tels que Ludovik, Pierre Lapin, Aaraam/Anis, Youssoupha Diaby ou Don Lino. Seul Jérôme Jarre, exilé aux Etats-Unis, profitera de l'application pour devenir très connu. 


Au final, Vine n'aura jamais eu les faveurs des médias mainstream et sera resté globalement en marge du système médiatique, ce qui explique peut-être pourquoi il a autant séduit les artistes, les jeunes, les banlieusards et les vidéastes. Aux Etats-Unis, certains notent à quel point la communauté noire a su s'emparer de ce média pour en faire un lieu de sociabilité et d'expression. Ce fut la force et la faiblesse de l'application, capable de créer un monde à part, avec ses codes, ses chansons phares (le tube "Turn Down For What" de DJ Snake et Lil Jon, le titre country "Your Man" de Josh Turner, ou encore "I'm Blue" de Eiffel 65), ses réseaux, mais trop contraignante pour durer vraiment longtemps. Application précoce, en somme.

 

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