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‘Harry Potter et l'Enfant maudit’ : sacrilège ou renouveau de la saga ?

Écrit par
Anna Maréchal
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Potterheads, soyez prévenus : ce livre n’est ni le tome 8 de la saga culte de notre enfance, ni le dernier bébé de la créatrice de génie J.K. Rowling. Mais c’est un biscuit quand même.

Avouons-le d’emblée : à la simple mention de « Harry Potter », notre curiosité et notre âme d’enfant sont aux aguets. Alors oui, on s’est précipité pour lire le « nouveau Harry Potter », qui s’avère être en fait le script de la pièce de théâtre éponyme. Pour couper court au suspense : oui, le livre est bien. Seulement voilà, on ne peut s’empêcher d’être un peu déçu et critique.

Un livre écrit pour les fans

Les lecteurs qui, comme nous, ont grandi avec la saga culte (soit 80 % de la population actuelle) seront presque forcément déçus. Imaginez un souvenir ou un objet que vous chérissez tout particulièrement. Des inconnus viennent vous le reprendre, le modifier, et le revendiquer. Comme à la sortie de Star Wars 7, on se retrouve partagé entre la joie d’avoir retrouvé, quelques instants, un univers et des personnages familiers, et la désillusion face à l’altération d’un beau souvenir. On partait sceptique, certes, mais il faut se rendre à l’évidence : le scénario de cette nouvelle histoire est bon mais loin d’égaler le délicieux univers littéraire et cinématographique que nous avons connu. Vous retrouverez bien sûr tout ce qui fait Harry Potter (les personnages, le monde des sorciers, l’aventure, l’amitié) mais l’esprit n’y est pas.

Harry, Albus et Ginny Potter
© DR / Pottermore

Faire du neuf avec du vieux

L’intrigue, plutôt captivante, se déploie sur plus de 300 pages mais peine à se détacher de l’histoire sur laquelle elle est basée. On y retrouve un Harry Potter en Aurore respecté mais père de famille relativement effacé, avec trois enfants prédestinés à incarner les prénoms qu’ils portent. James, l’aîné, est à peu près aussi agaçant que feu son grand-père ; Lily, la benjamine, aussi discrète que sa mère Ginny et Albus, le héros de cette nouvelle saga, condamné à subir le lourd héritage familial. Il y aussi bien sûr Ron, cantonné à l’image du balourd gaffeur et une Hermione plus intello que jamais.

Il est dommage que l’histoire revisite les précédents opus plutôt que d’explorer de nouveaux horizons et d’approfondir ses nouveaux personnages, pas dénués d’intérêt (mention spéciale à Scorpius qui sort du lot et des stéréotypes). C’est probablement là que Jack Thorne, scénariste et metteur en scène de la pièce (connu pour les excellentes séries 'Shameless' et 'Skins' notamment), a péché. Le vrai point négatif, c’est que le livre hésite entre suite assumée et souffle nouveau. De plus, loin d’égaler la plume magique (ok, elle était facile celle-là) de J.K. Rowling, l’écriture théâtrale perd en épaisseur par rapport aux romans. Parce qu’on dit adieu aux si belles descriptions de JKR qui nous faisaient plonger – sans jamais nous perdre – dans les décors de Poudlard et les méandres de la Forêt Interdite et nous faisaient rêver aux tours de magie les plus fous.

Ron, Hermione et Rose Granger-Weasley
© DR / Pottermore

Pottermore

Preuve que la Potter-mania subsiste : rien qu’en France, le livre n’est sorti qu’en version originale (sortie en VF le 14 octobre 2016) le 31 juillet dernier, date de la première de la pièce, et s’est rapidement retrouvé en tête des ventes. A l’ancienne, on vous dit. La pièce se joue d’ailleurs à guichet fermé au Palace Theater de Londres et est programmée jusque décembre 2017.

Le livre et la pièce sont d’ores et déjà de véritables succès, de toute façon assurés par l’impressionnante fanbase de l’univers créé par J.K. Rowling. Le plus regrettable est finalement de transformer une franchise de qualité et aboutie en machine à sous... 

On donnera quand même sa chance en novembre prochain au film 'Les Animaux Fantastiques' de David Yates (réalisateur de la majorité des films 'Harry Potter') sur un scénario de madame Rowling herself, ce qui devrait nous assurer plus de fidélité, surtout que l’histoire se situe dans l’univers étendu, loin de l’ombre Harry Potter, qui n’a pas fini de faire parler de lui.

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