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Journée type d'un festivalier à Rock en Seine (ou ailleurs)

Écrit par
Emmanuel Chirache
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15h : Avant le grand départ, vous décidez d'acheter des bouteilles pour les boire sur le canal de l'Ourcq avec vos amis, ça vous évitera de vous ruiner au festival en payant vos pintes 8 euros.

15h30 : Vous êtes bien.

16h : Vous êtes très bien, vous envisagez sérieusement de rester ici toute la journée.

16h30 : Vous partez enfin, métro ligne 9 direction Pont de Sèvres. Vous avez déjà très envie de faire pipi et vous n'êtes qu'à Strasbourg-Saint-Denis.

16h45 : Vous avez essayé de compter toutes les stations de métro jusqu'à Rock en Seine, mais vous êtes mort de vieillesse avant.

17h : Un type saoul fait des blagues pas drôles aux badauds dans le wagon. C'est vous.

17h15 : Vous faites pipi dès que vous sortez de la rame, et vous créez un nouvel affluent de la Seine, que vous baptisez d'après votre nom de famille.

17h20 : Vous arrivez sur place, zut c'est pas le bon endroit : vous êtes au Salon international du tatouage. Ha non, c'est bon. Vous commandez une pinte à 8 euros.

17h40 : Vous venez de rater votre groupe préféré de la journée.

18h : Vous vous dirigez vers la petite scène de l'Industrie pour écouter un groupe que vous aimez bof, du coup vous croisez les milliers de personnes qui vont du côté de la Grande scène pour la tête d'affiche. Vous n'avez jamais été aussi proche d'un saumon. Dans l'opération, vous perdez deux amis.

18h20 : Scène de l'Industrie : pendant dix minutes, vous avez vu des types en file indienne sortir de la foule, et d'autres types en file indienne s'y précipiter. Une question vous brûle les lèvres : existe-t-il, quelque part, un type qui a écouté un concert d'un festival EN ENTIER sans bouger ?

18h40 : Vous calculez que si vous partez maintenant pour la Grande scène, vous allez mettre vingt minutes pour accéder aux premiers rangs, autant de temps pour revenir ensuite voir un autre groupe à la scène de l'Industrie qui commence dans 45 minutes, ce qui vous laisse 5 minutes pour voir le concert de la tête d'affiche.

18h41 : Vous abandonnez et commandez une pinte à 8 euros. Fatigué, vous vous allongez sur l'herbe pour voir les hélicos de la sécu dans le ciel. Tiens, une petite culotte ?

19h00 : Vous entendez un bar qui passe un CD entier. En fait, c'est le groupe d'électro-pop sur la Scène de la Cascade.

19h15 : Vous retrouvez par hasard des amis qui ne devaient pas venir à Rock en Seine et qui pensaient que vous ne viendriez pas. Vous promettez de vous revoir avant la fin de la soirée.

19h40 : A force d'apercevoir des types avec les couleurs blanche et rouge peintes sur le visage, vous avez cru qu'il y avait une délégation polonaise au festival, mais en fait on vous explique que c'est le stand Kronenbourg qui peinturlure tous ceux qui passent par là. Et tous les mecs avec une barbe bien taillée, ils sont passés sur le stand Philips ?

20h : Tout d'un coup, vous arrivez dans cet entre deux mondes singulier, ce lieu équidistant entre deux scènes où se joignent les musiques pour produire un maelstrom sonore incohérent. Votre meilleur concert de la soirée.

20h30 : Vous avez faim, vous faites la queue pour un food truck.

20h40 : Vous vous rendez compte que vous êtes dans la queue pour aller aux gogues.

20h50 : Vous faites la queue pour sortir de la queue.

21h30 : Vous faites la queue pour arriver au bar pour faire la queue pour commander une pinte à 8 euros.

22h : Vous appelez vos amis pour vous retrouver au village des disquaires dans un quart d'heure.

22h20 : Ils ne sont pas là. Vous partez à l'autre bout du parc.

22h40 : Vos amis vous envoient un message : « On arrive bientôt ! »

23h : 
Vous allez voir la tête d'affiche qui envoie du pâté. Vous méditez sur la création d'une nouvelle profession, qui consisterait à placer les gens par ordre de taille lors des concerts. Des types foncent soudain dans la foule en sautant, parce que c'est leur chanson préférée. Vous prenez compulsivement une photo avec votre smartphone alors que vous êtes à 500 mètres du groupe.

23h20 : Un gros Anglais d'une cinquantaine d'années revient du bar avec trois pintes dans ses bras. Au milieu de la foule, il cherche ses copains du regard, sans succès. Il est trop mignon.

23h30 : Nouveau texto : « On y est ! t'es où ? On te voit pas ».

23h40 : Vous foncez dans la foule pour aller pogoter parce que le groupe joue votre chanson préférée.

23h50 : le gros Anglais cherche toujours ses copains avec ses trois pintes dans les bras.

00h15 : Vous commandez une dernière bière à 8 euros pour la route.

00h20 : Vous retrouvez par hasard vos amis perdus à 18h.

00h40 : Le gros Anglais avec ses trois pintes repasse devant vous.

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