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'La Cheffe, roman d’une cuisinière' : on a lu le nouveau livre de Marie NDiaye

Écrit par
Zazie Tavitian
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Il parle d’elle, de sa voix sincère, pleine d’adoration, agaçante parfois à force de naïveté. Elle, c’est la cheffe, héroïne du nouveau roman de Marie NDiaye (Prix Gongourt 2009 pour 'Trois femmes puissantes'). Lui c’est son second, de 20 ans son cadet, confident, amoureux fou, et sans retour.

« Je voudrais tracer une vie de la cheffe comme on écrit une vie de saint. »

Dans un récit écrit entièrement à la première personne, il raconte donc la vie de cette femme grâce à ses souvenirs et ceux glanés auprès de ses proches. Son enfance pauvre mais heureuse à Sainte-Bazeille, son apprentissage à Marmande où elle cuisine pour un couple bourgeois (magnifique scène du premier repas comme acte fondateur de sa carrière de cuisinière) jusqu’à son arrivée à Bordeaux et l’ouverture de son restaurant La Bonne Heure.

Se dessine alors le portrait d’une femme forte et humble, animée par la cuisine comme par un feu intérieur dévorant. Sa faille ? Sa fille qu’elle a eue jeune, peut-être avec le jardinier, seule preuve du plaisir charnel qu'elle s’est autorisé durant sa vie. Car si cuisiner est un acte épicurien, la cheffe semble totalement détachée de ses émotions, incapable de les communiquer aux autres autrement que par ses plats. Sa fille, son opposé, vulgaire et clinquante, n’aura d’ailleurs de cesse de la tourmenter (jusqu’à couler son restaurant), lui faire payer quelque chose d'incompréhensible pour le narrateur, de flou pour le lecteur, peut-être simplement le fait de lui avoir préféré la cuisine.

Un récit précis simple et puissant, à l’image des plats que cuisine son héroïne.

Marie NDiaye, 'La Cheffe, roman d'une cuisinière, Blanche Gallimard, 17,90 €

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