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Les 10 polémiques à retenir (ou pas) des J.O. 2016

Écrit par
Emmanuel Chirache
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Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, les J.O. de Rio apportent chaque jour leur lot de scandales plus ou moins justifiés, de litiges sulfureux, de polémiques éphémères, où chacun se mue selon son humeur en expert du règlement olympique pour 10 km nage libre, en défenseur chauvin de l'équipe de [placez ici votre équipe nationale], ou en justicier moraliste qui s'indigne plus vite que Stéphane Hessel. Si certains débats paraissent ridicules (et trop techniques), d'autres en revanche ternissent pour de bon un esprit olympique déjà un peu trop sous stéroïdes. Retour sur ces polémiques qui ont défrayé la chronique pendant la première partie des J.O. 2016.


1. Les commentateurs de France Télévision

Entre Daniel Bilalian qui parle de « l'esclavage considéré nécessaire pour le développement du Brésil » et le consultant Thomas Bouhail qui décrit les gymnastes japonaises comme « des petits Pikachus », les commentateurs sportifs ont prouvé une fois de plus qu'ils avaient bien potassé leur dictionnaire des idées reçues avant la compétition. Ajoutez à cela André Garcia qui retient par le bras l'escrimeuse Lauren Rembi en pleurs après sa défaite, histoire de lui soutirer une interview larmoyante, et vous obtenez un beau parcours de l'équipe de France... télé. 

2. L'eau des piscines qui devient verte après avoir été bleue

Quand l'eau des piscines olympiques se trouble et verdit, toute la toile se demande pourquoi. Explications : un type a versé par erreur du peroxyde d'hydrogène, qui neutralise le chlore. Résultat, microbes et algues prolifèrent, de quoi gêner certains athlètes qui n'y voient goutte ou se plaignent de produits chimiques désagréables. Il a donc fallu remplacer 3,7 millions de litres d'eau pour y remédier ! Imaginez ça en France, on aurait tôt fait d'accuser François Hollande, la fonction publique et le peuple français dans son ensemble d'incompétence crasse.


 

3. Le doigt d'honneur de Santo Condorelli à son père

Avant chaque course, le nageur Santo Condorelli fait ce geste déplacé, un vieux rituel qui date de ses 8 ans, à une époque où son père lui propose d'envoyer un gros doigt à ses rivaux, sauf que c'est vers lui que sera dirigé le doigt. A la télévision, le majeur du Canadien va pourtant choquer pas mal de monde, si bien que Santo Condorelli fait désormais mine de remettre en place ses lunettes. Un peu plus et il va nous faire croire que c'est une antisèche et qu'il relit juste le parcours qu'il doit faire.

© Tim Binning/TheSwimPictures.com

4. Le judoka égyptien qui refuse de serrer la main à son adversaire israélien

Quand le judoka égyptien Islam El Shehaby refuse de serrer la main à l'Israélien Or Sasson, il s'attire non seulement les foudres de la planète, mais aussi de sa fédération, qui a décidé ensuite de le bannir. Dans sa version des faits donnés hier à la revue L'Esprit du Judo, le judoka se justifie ainsi : « Je précise que je n’ai pas de problème avec le peuple juif ou n’importe quelle autre religion ou croyance. En revanche, pour des raisons personnelles, vous ne pouvez pas me demander de serrer la main de quelqu’un de cet Etat, a fortiori devant le monde entier. » Pas sûr que le sportif égyptien ait gagné au change. 

5. Les étonnants juges de la boxe

Ce n'est pas avec ces jeux de Rio que les soupçons de corruption qui pèsent régulièrement sur les juges des combats de boxe vont être levés. Si en France on se souvient des combats perdus en 2008 et 2012 par le regretté Alexis Vastine dans des conditions jugées scandaleuses par tous les observateurs, les supporters du boxeur kazakh Vassiliy Levit n'oublieront pas de sitôt sa défaite face au russe Tischenko, que tout le monde voyait perdant. Déjà en quart de finale, son adversaire italien Clemente Russo avait dénoncé un favoritisme en faveur du Russe. 

 6. Les nageurs français qui coulent ensemble

La natation française semble en avoir gros sur la patate. Entre Camille Lacourt qui déclare que le Chinois Sun Yang (convaincu de dopage en 2014) « pisse violet », Yannick Agnel qui abandonne ses coéquipiers du relais dans une tragi-comédie où l'on ne sait plus qui dit la vérité, Aurélie Muller disqualifiée du 10 km nage libre sur une décision polémique et les passes d'armes entre Alain Bernard et Romain Barnier, les nageurs auraient sans doute mieux fait de retenir leur respiration pour les bassins. Ah, et on allait oublier Manaudou médaille d'argent pour un centième de seconde, dans la grande tradition de la lose à la française. 

7. Le plongeon surréaliste de Shaunae Miller à la fin du 400 m

Vous me direz que rien ne l'interdit dans le règlement. C'est tout de même un final pas très orthodoxe pour l'athlète bahaméenne, qui la joue saut en longueur pour distancer sa poursuivante américaine et confirme que ce sont bien les Jeux Olympiques du grand n'importe quoi. En effet, quelques heures plus tôt, le 110 m haies masculin s'était disputé sous une pluie battante et le Brésilien Joao Vitor de Oliveira avait terminé sa course sur une glissade à se taper sur les cuisses. Allez, cadeau :

 8. Le public brésilien pas très fair-play

Eh oui, on imaginait les Brésiliens en danseurs de samba sympas et amoureux du joga bonito bonnards, mais en fait non. Le public brésilien siffle, hue, conspue ses adversaires comme le pire hooligan du CSKA Moscou. Beaucoup d'observateurs n'ont pas manqué de souligner ce travers autant au volley qu'à la boxe ou au judo (Teddy Riner sifflé fit taire le public doigt sur la bouche). Pourtant, c'est au concours de saut à la perche que le comportement des Brésiliens a davantage révolté les partisans de l'esprit olympique, notamment français. Pour encourager son candidat brésilien, future médaille d'or, la foule a sifflé copieusement Renaud Lavillenie, qui n'en demandait pas tant. Le lendemain sur le podium, il sera de nouveau hué par le stade olympique de Rio et fondra en larmes pendant l'hymne auriverde.

9. Quand la nageuse Fu Yuanhui évoque ses règles dans une interview


« Je ne pense pas avoir bien nagé aujourd'hui. J'ai laissé tomber mes coéquipières. C'est parce que j'ai eu mes règles hier, donc je suis particulièrement fatiguée. » Quand la nageuse chinoise - par ailleurs adorée sur le Net pour sa spontanéité et sa joie de vivre - répond à la chaîne gouvernementale CCTV, elle lance un pavé dans la mare dans un pays où certains pensent encore que les tampons font perdre leur virginité aux femmes. En brisant le tabou de l'influence des menstruations sur les performances des athlètes, Fu Yuanhui confirme son originalité parmi les sportifs. 

10. La tenue des joueuses égyptiennes de beach volley
 
En pleine polémique sur le burkini en France, la tenue des joueuses de beach volley égyptiennes, voilées et couvertes, a également suscité un débat. Symbole de l'ouverture d'esprit olympique ou recul face aux exigences religieuses ? Il semble que l'image a surtout montré que chacun avait sa place aux J.O., même le drapeau européen, brandi par l'escrimeuse italienne Elise di Francisca après sa médaille d'or. (Crédit photo beach volley : Lucy Nicholson) 




Pour terminer sur une note d'humour, on vous laisse avec l'excellent Pierre-ambroise Bosse, quatrième du 800 m, qui parle à son chat dans cette vidéo autour de 2'35". 

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