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'Ma'Rosa' : le polar philippin qui a fait pleurer Kirsten Dunst

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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Immersion dans le quotidien des Philippines, entre corruption policière et trafic de drogues généralisé.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le réalisateur philippin Brillante Mendoza a du style. Ou plutôt il a, disons, un style. Immersif, prenant, percussif ; reprenant dans ses fictions les codes habituels du documentaire – en particulier l’usage quasi systématique de la caméra à l’épaule – dont il joue avec un art du montage et du rythme assuré. Autrement dit, un style tendu vers le naturalisme, avec ses qualités (en premier lieu desquelles, logiquement, un « réalisme » assez crédible) et ses inconvénients – dont une probable migraine ophtalmique pour les plus sensibles, due aux incessants mouvements de caméra.

Ici, le réalisateur suit la trajectoire d’une famille dont les parents, Ma’Rosa (Jaclyn Jose, prix d’interprétation féminine à Cannes pour ce film) et son mari Nestor (Julio Diaz), propriétaires d’une petite épicerie dans un quartier pauvre de Manille, se livrent au trafic de « crystal meth » afin d'arrondir leurs fins de mois. Bientôt dénoncé, le couple se retrouve en garde à vue face à des policiers corrompus jusqu’à l’os, exigeants pour leur libération une somme des plus coquettes. Sinon, c’est la case prison… Les enfants de Ma’Rosa et Nestor vont alors tenter par tous les moyens de réunir l’argent nécessaire à la remise en liberté de leurs parents.

Ma'Rosa

On le comprend vite, le scénario pourrait être celui d’un polar, et le ton de ce drame social n’en est d’ailleurs pas très éloigné, entre la roublardise au grand cœur de Ma’Rosa et la couardise toxicomane (presque comique) de son mari. C’est probablement là le grand mérite du film : sa double dénonciation d’un système institutionnalisé de corruption et de l’hypocrisie vis-à-vis de la consommation de drogues se situant plutôt au second plan, comme décor, atmosphère, cadre narratif.

‘Ma’Rosa’ n’a donc rien d’un brûlot engagé, voire même d’une charge sociale (ceux qui penseraient y trouver du « Dardenne à la Philippine » en seront donc probablement pour leurs frais). Il ressemble davantage à un film de genre assez classique, quoi qu’inscrit dans un cadre assez contemporain et inédit, bien mené et permettant de décrire une société sans la juger ou avoir besoin de forcer le trait.

Au bout du compte, cette appréciable distance lui permet de dégager, par moments, une jolie charge émotionnelle, portée par sa délicatesse, contrastant avec la violence du quotidien de ses personnages. Ainsi lorsque la fille du couple en garde à vue s’effondre, solide malgré les épreuves, ce n’est pas tant parce qu’elle s’en prend plein la gueule depuis le début du film que parce… qu’elle glisse malencontreusement sur des pavés mouillés. Ou, autre exemple : cette séquence finale d’une simplicité confondante, qui aurait, dit-elle, fait couler les larmes de Kirsten Dunst lors de sa projection au dernier festival de Cannes. Pour émouvoir, rien de tel que la simple suggestion.

'Ma'Rosa' : bande-annonce

>>>> 'Ma'Rosa' de Brillante Mendoza, avec Jaclyn Jose et Julio Diaz, en salles le mercredi 30 novembre (Pyramide Distribution)

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