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On était à Juste Debout, compétition de street dancers, et c'était dingue

Écrit par
Céline Quintin
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Dimanche, 13h. On souhaite une belle fête à notre grand-mère lors de l’habituel déjeuner familial et on file à la quatorzième édition de Juste Debout, une compétition de danseurs de hip-hop venus du monde entier. Après deux mois d'épreuves, les challengers s’affrontent en finales devant un jury entièrement féminin. Huit heures de spectacle où chacun se surpasse dans sa catégorie de danse urbaine : popping, locking, hip-hop, house, expérimental et dancehall. Fondé par le maître du popping Bruce Soné dit Ykanji, l’événement prime depuis 2002 les meilleurs danseurs de danse dite « debout » contrairement à celle « de sol » comme le break dance. A peine sorti du métro, on déculpabilise d’avoir abrégé le repas entre cousins et cousines tellement l’excitation qui émane de la foule est grande. Dans la queue interminable, on entend certaines voix s’élever pour demander : « Qui vend des places ? » On comprend qu’il faut vite pénétrer dans l’AccorHotels Arena, le nouveau Bercy pour ceux qui ne le savaient pas encore. On piétine un peu et hop, on franchit les murs de ce bloc de ciment.

© Céline Quintin

A l’intérieur, du monde. Plus de 13 000 visiteurs venus assister à cette journée de spectacle. L’ambiance est chouette, ça papote et ça rigole mais quand les lumières s’éteignent, les feux des projecteurs virevoltent dans tous les sens et font vibrer la foule. La musique ouvre le show en beauté grâce à la chanteuse Anahy dont la prestance nous trouble. Sa voix nous laisse bouche bée et on ne décroche pas les yeux de la jeune femme. Lorsqu’elle s’éclipse, on a tout juste le temps de reprendre nos esprits que des enfants d’à peine 10 ans investissent la scène. Balancés de gauche à droite, muscles contractés-décontractés et rotations de poignets. Ca y est, ça danse ! A l’aise, ils font le grand écart comme vous ne le ferez jamais dans votre vie. Les grands débarquent pour prendre le relais : les artistes se succèdent et déambulent en solo. Mouvements fluides, saccadés ou chiadés, à chacun son style. Côté spectateur, on prend conscience qu’on a du taff en se remémorant nos instants de grâce en boîte lorsqu’on faisait deux mauvais pas de danse.

Arrive le moment de présenter les treize pays en compétition par un défilé de drapeaux où chacun est fier de représenter sa nation. Avec le Japon, l'Espagne ou encore l'Inde en lice, la rencontre des addicts de street dance s’annonce hétéroclite. En guise de maîtres de cérémonie : les rappeurs ADL et Vicelow (membre du collectif Saïan Supa Crew) qui ont une bonne dose de caféine dans le sang et dont l'énergie nous porte. Véritables chauffeurs de salle via leurs flows et leurs « MAKE SOME NOISE ! ». Chaque artiste annoncé est acclamé comme un catcheur qui entre sur le ring. Moment de gloire également pour les DJ qu’on salue un par un. Les rois des platines restent indispensables pour envoyer de lourdes vibes sur lesquelles les danseurs s’approprieront le rythme à travers leur gestuelle. Enfin, le jury fait son entrée sur scène. Exclusivement féminin, il se compose de quatre grandes danseuses internationales : Dey Dey, Nikky, Cio et Toying.

Vicelow, rappeur/ambianceur. © Céline Quintin

Merci aux DJ. © Céline Quintin

Présentations terminées, place aux choses sérieuses : les battles des demi-finales ! En duo, deux équipes (l’une rouge, l’autre bleue) doivent convaincre le jury le temps de deux rounds. Les duels s’enchaînent et ne laissent aucun répit aux spectateurs : ardeur du hip-hop, impulsions du popping ou jumps aériens de la house. Emporté par la danse, on se surprend même à tapoter du pied. Peu importe la décision finale, les perdants restent fair-play et enlacent les gagnants par de grands « free hugs ». On apprécie les spots lumineux fuchsia et orange qui rendent nos photos sublimes. Pendant que certains supporters croisent les doigts pour que leur team remporte le combat, d’autres lâchent des cris en signe de solidarité. On repère tout de suite les fanatiques de hip-hop à travers leur style vestimentaire : tatouages par ci, piercing par là, petits bérets et chemises colorées. Les participants s’essoufflent autant que le public qui lève les bras à la moindre punchline gestuelle. Du grand spectacle ! 

© Céline Quintin

© Céline Quintin

© Céline Quintin

Le temps défile sans que l’on s’en aperçoive mais la fatigue gagne la scène et les gradins. Sonne l’heure des finales qui ravive les foules. On débute avec la catégorie dancehall qui récompense Mike & Rafa. Suivie par la discipline experimental : là, c'est la Japonaise Nao Aerstix qui séduit le jury et rafle le prix. Nelson & Greenteck remportent les battles de popping et Frankwa & Kapela ceux en house. Le moment le plus attendu reste la finale hip-hop et ce sont les Françaises Maïka & Kyoka qui vont être acclamées. Des victoires bien méritées pour ces performers aux stupéfiantes prouesses. Juste Debout 2016, on l'a fait ! Dans le brouhaha des commentaires de la foule, on sort dans la nuit. Epuisé mais sans regret, on se remémore cette journée qui donne envie de revenir l’an prochain.

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