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On y était : l’inauguration de la brasserie de l’Etre, dans le 19e

Écrit par
Nicolas Hecht
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Ce jeudi 29 octobre, le 7ter rue Duvergier dans le 19e était bel et bien THE place to be(er). Alors qu’il y a quelques semaines, le quartier avait encore des airs de désert très aride pour tout amateur de bonne mousse, l’inauguration conjointe de la brasserie de l’Etre et de la cave Ah ! La Pompe à bière vient changer la donne. D’où l’ambiance à la fois festive et studieuse qui y régnait.

Ponctualité oblige, nous voici arrivés à 18h pour prendre le pouls du lieu et découvrir les trois recettes proposées par cette nouvelle brasserie installée intramuros. Un projet initié il y a 4 ans, et porté par deux acolytes, Edouard et Loïc. « Monter un projet en circuit court prend du temps, notamment pour trouver un local décent dans Paris, où les propriétaires sont parfois réticents à louer leurs murs à une activité comme la nôtre. Rien que pour le lieu, ça nous a pris 18 mois », précise Loïc. Vu la localisation, à deux pas du canal de l’Ourcq, et la belle surface de 400 m2 aux murs de brique nue, on se dit que ça en valait la peine – heureux qui comme Loïc et Edouard… Mais au fait, pourquoi s’installer dans Paris, et pas en proche banlieue comme certains brasseurs (Montreuilloise, Deck & Donohue, Parisis, etc.) ? « Pour nous, ça faisait complètement sens, et répondait bien à notre désir de relocalisation. Paris est certes une capitale, et pas mal d’entrepreneurs parisiens se sont lancés dans la bière ces dernières années, mais paradoxalement il y a encore de la place. En fait, plus qu’une concurrence, il y a une vraie émulation ici, entre les brasseurs, les bars soucieux de ce que contiennent leurs fûts et les caves qui poussent comme des champignons. » On ne s’en plaindra pas, vu les trésors de production des brasseries franciliennes.

Cuves et chrome © NH / Time Out Paris

D’ailleurs, pendant que Loïc continue de faire la visite à un petit auditoire, détaillant le processus de fabrication (brassage, fermentation, stockage au froid, refermentation en bouteille, étiquetage) et l’utilité des impressionnantes cuves chromées, ça commence à s’agiter du côté de la tireuse à bières et de la cave, où l’on déguste aussi. Jusque-là, les amateurs informés arrivaient au compte-goutte, un duo clavier/voix posait une ambiance assez feutrée, mais les attroupements devant le local commencent à attirer des passants, et les conversations animées ont remplacé la musique. Et nous, ben, on en avait presque oublié de boire. Un détour par les tireuses s’impose donc pour découvrir tout ça.

Tireuses d'élite © NH / Time Out Paris

A commencer par l’Oliphant, une IPA (India Pale Ale) forcément houblonnée, et particulièrement amère, qui pour un peu nous anesthésierait la langue ; les malts se font discrets, et l’amertume se mue en acidité (houblon Citra ?) pour ne laisser qu’une impression mitigée – mais bon sang, on aimerait bien savoir ce qu’il y a sous ces houblons. Passons sans regret à la saison, bière « à la belge » bien plus à notre goût, au bel équilibre entre céréales et houblons : c’est à la fois floral, malté et sec, un pied à Paris l’autre à Bruxelles. On redemande cette Salamandra, une fois (voire deux ou trois) ! Après l’éléphant et la salamandre, qui ornent d’ailleurs superbement les bouteilles de la brasserie, nous voici prêts à affronter la Cerberus, une triple qui nous fait rapidement voir double, hips. Rien à redire, belle densité : le chien, même à trois têtes, reste le meilleur ami de l’Homme.

© NH / Time Out Paris

Un bilan globalement positif pour une brasserie au fort potentiel, déjà présente dans une trentaine de lieux à Paris. L’équipe ne plaisante pas avec ses matières premières, comme nous le fait comprendre Loïc : « Notre malt d’orge est bio et provient d’exploitations d’Ile-de-France et de Picardie. Pour le houblon, on a encore du mal à en trouver au plus près de Paris, on se fournit donc en Alsace. Mais on n’abandonne pas les recherches, d’autant que la filière française tend à se développer. » Autre élément d’importance qui participe à l’identité très affirmée de la brasserie de l’Etre : le packaging. Sobre et marquant à la fois, avec pour chaque recette un animal dessiné par un ami tatoueur, et illustré d’une citation en latin (« Cave canem », « Si vis pacem », etc.). Une brasserie craft jusqu’au bout des ongles, dont on a hâte de découvrir les prochaines recettes, voire les collaborations avec d’autres acteurs de la bière parisienne. Et comme le dit le dicton : « brasserie qui mousse ne laisse pas de marbre ».

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