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Quelques questions à Alain Lancelot, sophrologue et coach

Écrit par
Nicolas Hecht
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Les mardi 9 et mercredi 10 février prochains, l'Ecole Centrale d'Hypnose proposera aux initiés et aux curieux une conférence en accès libre, intitulée "De la sophrologie à l'hypnose", avec comme intervenant Alain Lancelot (plus d'informations ici). Si ces deux méthodes font de plus en plus d'adeptes un peu partout dans le monde, elles restent méconnues par beaucoup, et peuvent parfois même faire peur. Pour lever les malentendus et en apprendre un peu plus, on a donc décidé de poser quelques questions à un spécialiste, Alain Lancelot lui-même.

Pourriez-vous nous présenter votre parcours de thérapeute ? Comment en êtes-vous venu à la sophrologie et au coaching ?

Après 14 ans de présence sur TF1 chaque samedi matin dans l’émission "Télévitrine", où je présentais des produits bien-être, et 7 ans de présentation sur la chaîne Météo, j’ai eu besoin de faire le lien entre mes deux passions réelles : les médias et le domaine du bien-être, sur lequel je travaille de façon personnelle et hors antenne depuis de nombreuses années. En fait je me suis toujours intéressé au travail sur la conscience et l’inconscient, sur les raisons qui font que nous sommes capables de nous booster pour réussir ou de nous limiter pour échouer.

J’ai alors décidé de me former à la sophrologie dans deux écoles différentes pour mieux comprendre les différentes façons d’appréhender la sophrologie (caycédienne et non caycédienne) et obtenu mon certificat professionnel de sophrologue (titre RNCP, niveau de qualification reconnu par l’Etat). Je me suis spécialisé dans la gestion du stress et du trac ainsi que le renforcement du mental. C’est ainsi tout aussi naturellement que j’ai commencé à travailler en tant que sophrologue dans le domaine des médias, que je connais bien. J’ai démarré en tant qu’expert bien-être dans mon émission du samedi matin sur TF1 et puis continué dans l’émission de Marie-Ange Nardi. Ensuite, je suis devenu le sophrologue des émissions "The Voice" et "The Voice Kids", où j’aide les talents à mieux gérer le stress du direct.

Pour acquérir des connaissances complémentaires dans le domaine de l’accompagnement, je me suis récemment formé professionnellement au coaching tout en continuant mes interventions en tant que chroniqueur et conseiller « bien-être » à la radio, dans la presse et sur le Net ("La Minute bien-être"). Je n’oublie pas non plus mon envie de présenter une nouvelle chronique en télévision, dédiée au domaine qui correspond autant à mon envie qu’à mon expertise de sophrologue et de coach : le bien-être. Par ailleurs, j’interviens régulièrement en entreprise et en école en tant que formateur et conférencier. Apres avoir écrit et publié aux éditions Trédaniel ‘Libérez votre talent avec la sophrologie’ en 2014, je viens de sortir mon deuxième livre ‘Prévenir le burn out avec la sophrologie’ chez le même éditeur, ayant été moi-même victime de ce syndrome.

Tout ceci donne des semaines bien remplies et passionnantes autant professionnellement qu’humainement.

Quelles sont les différences fondamentales entre la sophrologie et l’hypnose ? Et les points de convergence, autant historiques que de pratique ?

Je pense qu’il est intéressant tout d’abord de savoir que le neuropsychiatre Alphonso Caycédo, qui a créé la sophrologie, a ouvert en 1958 une école d’hypnose avant de créer sa propre méthode en 1960 pour s’éloigner des croyances farfelues de l’époque sur l’état hypnotique.

En travaillant sur l’inconscient, l’hypnose permet un travail en profondeur sur le mental alors que de son côté, en tant que méthode psychocorporelle, la sophrologie apporte une prise de conscience du corps et de ses ressentis, ce qui en fait un travail complémentaire. De mon point de vue, le lâcher-prise commençant en premier par un travail sur le corps pour permettre au mental de se relâcher plus facilement, l’une des passerelles entre l’hypnose et la sophrologie est « l’Hypnose moderne » que l’on peut appeler aussi « Auto-hypnose ». Cette technique permet un travail efficace sur deux plans : le niveau conscient qui est situé dans l'hémisphère gauche, et l’inconscient situé dans l'hémisphère droit. C’est d’ailleurs une de mes manières de travailler, pour une plus grande efficacité et un meilleur résultat pour la personne qui me donne sa confiance. Les principales convergences commencent par l’utilisation des ondes alpha pour permettre à l’individu d’aller chercher ses ressources. Toutes deux utilisent la voix pour atteindre cet état de relâchement et de lâcher-prise, et toutes deux ancrent le positif et reconnaissent que toute action positive au niveau du mental a une action positive au niveau corporel. Enfin, les deux utilisent la visualisation pour atteindre le résultat souhaité.

Du côté des différences, je dirais que la première est sans doute le manque de « philosophie » dans l’hypnose, très présente dans la sophrologie. Si l’hypnose est plus inductive et hétérogène, la sophrologie se veut plus déductive (en se basant sur l’importance des ressentis et la découverte personnelle des phénomènes) et autogène, notamment avec les exercices de relaxation dynamique qui progressent logiquement par degrés. Mais de mon point de vue, la différence la plus importante entre la sophrologie et l’hypnose d’origine, porte sur la personne hypnotisée. En effet, celle-ci était totalement « sous l’emprise de l’hypnotiseur ». Depuis « l’Hypnose moderne » ou ce que l’on peut appeler « la Nouvelle Hypnose », comme les techniques d’Auto-hypnose, d’Hypnose humaniste ou d’Hypno-thérapie, l’hypnose n’est plus là pour prendre le pouvoir sur l’individu, mais au contraire lui rendre le pouvoir. En sophrologie également, l’idée est de rendre la personne autonome et lui permettre d’aller chercher ses propres ressources. Une différence subsiste cependant, la première travaille avec l’inconscient et la seconde avec le conscient pour y parvenir.

Pour beaucoup, l’hypnose évoque encore un rapport de domination d’un magicien tout-puissant sur un patient-spectateur docile et malléable, à l’image des spectacles de music-hall… 

Comme précisé précédemment, c’était une réalité au début de l’hypnose avant les travaux de Milton Hyland Erickson et encore de nos jours dans l’hypnose de spectacle, mais nous parlons ici d’hypnose thérapeutique ou médicale qui a pour objectif d'accompagner la personne qui vient consulter dans le but de changer sa perception d’une problématique ou son rapport avec elle-même. Un hypno-thérapeute ne fera jamais faire quelque chose à son client si celui-ci ne le veut pas. Si le processus hypnotique utilisé sur scène est le même qu’utilisé en séance ou appris en formation d’Auto-hypnose, l’intentionnalité du contexte n’a rien à voir. Un hypno-thérapeute cherche à accompagner la personne tandis que sur scène l’idée est d’imposer une suggestion dans le but de divertir.

Selon vous, qu’est-ce que la sophrologie apporte de plus que d’autres méthodes de soin ou de développement personnel (psychothérapie, PNL, hypnose, etc.) ? 

La sophrologie est une méthode psychocorporelle qui permet de travailler autant sur le corps que sur l’esprit. Elle permet entre autres de prendre du recul sur les choses, lâcher prise et gérer son stress. Nous avons tous des ressources en nous mais nous ne savons pas comment aller les chercher pour les utiliser à bon escient. Je pense sincèrement que la question n’est pas de savoir si la sophrologie apporte quelque chose de plus que d’autres méthodes, c’est une technique à l’efficacité actuellement prouvée. L’important c’est de trouver la méthode qui correspond à chacun, et la sophrologie peut être l’une d’elle. L’important étant de ressentir les bienfaits concrètement, j’invite vos lecteurs à pratiquer pour se faire une idée par eux-mêmes.

Quelles sont les limites de la sophrologie ? Vous est-il déjà arrivé d’abandonner une thérapie parce que le patient était « intraitable » ?

La sophrologie est une technique d’aide et d’accompagnement, et non une médecine alternative. La sophrologie propose des techniques pour accompagner une personne qui le souhaite dans de nombreux domaines, mais ne se substitue pas à la médecine. Ce n’est pas un « remède miracle » mais une méthode qui tire son efficacité de protocoles bien définis. Etant spécialisé dans la gestion du stress et la préparation mentale, je n’ai jamais eu de personne ni en cabinet, ni en entreprise et encore moins sur un plateau de TV que je n’ai pas pu aider. Pour les personnes moins réceptives à cette méthode, j’ai alors pu proposer un accompagnement différent en passant par les outils du coaching. En tant que professionnel, il est important pour moi de pouvoir répondre à la demande en utilisant la technique la plus adaptée à l’objectif.

Le dernier mot vous appartient… 

Je pense qu’il faut arrêter de mettre en compétition les différentes méthodes qui existent de nos jours, le principal est de trouver un professionnel qui saura vous accompagner sur votre chemin en vous permettant de trouver vos ressources pour vous conférer une autonomie à plus ou moins long terme. L’important est de trouver la méthode, le praticien ou le thérapeute qui VOUS convient.
Le conseil que je me permettrais de donner à tous les lecteurs de Time Out Paris (dont je fais partie) c’est de se faire confiance, nous avons tous en nous les capacités de savoir ce qui est bon pour nous, en écoutant mieux nos ressentis autant corporels qu’émotionnels.

C’est d’ailleurs ce dont je vais parler lors de ces deux conférences données au sein de l’Ecole Centrale d’Hypnose les 9 et 10 février (sur inscription et gratuites) et dans la formation de deux jours que je propose sur Paris à la suite ce celles-ci le week-end des 26 et 27 mars 2016 (même lieu). L’entraînement étant la clé de la réussite, osez et pratiquez !

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