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Salon de l'Agriculture : petit traité d'orientation à l'usage du Parisien en milieu agricole

Écrit par
Emmanuel Chirache
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Article rédigé avec Amélie Weill et Zazie Tavitian

« Mais c'est pas un cochon ça, c'est une vache ! » Pas de doute, vous êtes bien au Salon de l'Agriculture, fête foraine pour citadins en mal de nature, étape de haute importance pour prétendre au certificat officiel de Parisien véritable.



Si c'est votre première, accrochez-vous. On se sent tout petit en arrivant, écrasé par les immenses bâtiments gris, les allées bétonnées et le monde qui défile… La ville entière semble s'être exilée ici, pour grappiller un peu de campagne, caresser le cul d'une Charolaise, boire du pinot à l'œil, engloutir un bout de jambon gratos ou gagner deux ou trois gadgets publicitaires. Mise à part la douce odeur de fumier qui flotte dans l'air et pour peu que Yannick Noah se mette à chanter, on pourrait presque se croire à la Fête de l'Huma.



Devant ce grand capharnaüm, on finit par se poser la question : finalement, à quoi sert le Salon de l'Agriculture ? Pour le côté politique, on a bien saisi, l'exercice est imparable depuis les balbutiements de la Ve République. Allez, on pige également pour les enfants, ça les change des parcmètres et des pigeons. On comprend aussi pour les agriculteurs, c'est l'occasion de sortir de son isolement, de retrouver ses vieux potes, d'échanger sur ses difficultés, de se donner des nouvelles du front. 

Mais pour vous, pour moi, pour nous ? Si vous avez déjà vu une vache en vrai, il n'y a rien de galvanisant à contempler toutes ces pauvres bêtes dans leurs petits enclos. Mais au-delà du côté zoo, il y a surtout tous ces gens qui viennent partager leur passion pour le monde agricole... Et leurs bons produits. A force d'avoir vu Chirac se gaver de sauciflard, de vin, de fromage, de bière et de chocolat, on sait tous que le Salon de l'Agriculture, c'est aussi ça. Des centaines de producteurs venus promouvoir leur savoir-faire. Et en ces temps incertains où la traçabilité alimentaire est parfois quelque peu folklorique c'est plutôt appréciable de se retrouver en face de l'homme qui fabrique la terrine que vous allez manger.


Mais, tout n'est pas bon dans le salon, et il est parfois difficile de faire la part des choses entre les vrais producteurs et les revendeurs. Il faut savoir qu'une place ici vaut de l'or (dans les 7 000 €) et que tous les exploitants, même aidés ou financés par les régions, ne peuvent pas se permettre pareil investissement. 

© EChirache

Alors pour vous guider dans les méandres de la ripaille, voici un petit traité d'orientation à l'usage du Parisien en milieu agricole :

- D'abord, méfiez-vous de l'apparat. En règle générale, trop d'investissement sur le costume cache quelque chose de louche. Evitez donc les « total looks » (béret basque + foulard + pantalon blanc + pelote à la main). Ce qui est vrai dans la vie, est vrai au Salon de l'Agriculture. Cherchez les confréries gourmandes. En général, les Compagnons du brie de Meaux savent où manger du brie qui se respecte et où boire le vin qui va avec. En plus, ce qui est pratique, c'est qu'avec leurs jolis costumes, vous ne pouvez pas les louper.

 Jouez au ping-pong, rebondissez d'un stand à l'autre. Demandez à chaque fois à ce que l'on vous dirige vers un autre étal. Ainsi, vous pourrez fanfaronner en arrivant : « Je viens de la part de Michel », on vous aura directement à la bonne.

- Jetez un œil aux mains des exposants. Bah oui, on ne cultive pas de vignes avec le dos de la cuillère. Travailler la terre, ça use les menottes (oui, beaucoup plus que taper sur un clavier) : « Ah, c'est tellement râpé que ma femme n'a plus de poil au... bref. »



- Ne vous jetez pas sur la nourriture offerte en dégustation, avant de repartir sauvagement vider une autre assiette de saucisson. Ca a le don d'énerver tout le monde. Le Salon, c'est aussi l'occasion de prendre le temps de parler avec les producteurs, d'écouter l'histoire de leur exploitation, de leurs produits. Ca ne mange pas de pain, et puis ce n'est pas comme si on vous faisait le coup à chaque fois que vous descendez au Monoprix.



- Et achetez. Pas grand-chose, personne ne vous oblige à claquer 200 €. Mais une bonne bouteille de vin, un fromage, un saucisson. Pour une fois, qu'il n'y a pas d'intermédiaire, profitez-en.

© EChirache

Quelques événements à ne pas rater cette année :

- Se prendre en photo avec Cerise. Oui le salon a une égérie, oui c’est une vache, oui comme la fille blonde de la pub Cetelem elle s’appelle Cerise et oui il y a autant de monde qui se pressera devant elle que devant la Joconde. Mais après tout, elle l’a mérité, n’est pas élue plus belle vache de l’année qui veut. Où ? Pavillon 1.

- Assister à une représentation de Dog Dancing. Bon, forcément, vous êtes en train d’imaginer un adorable caniche qui se lance dans un numéro de claquettes ? On ne peut pas vous le promettre mais ce qui est certain c’est que ces numéros de dressage vous permettront d'admirer de nombreuses races de chiens (sûrement adorables) : terriers, chiens de compagnie, chiens bouviers de Suisse, lévriers. Quand ? Samedi 27 février, dimanche 28 février, vendredi 4 mars et samedi 5 mars de 18h à 19h. Où ? Pavillon 5.1. Stand Ring Canins.

- Ecouter une émission de radio. Vous pourrez par exemple venir avec vos plus belles tomates encourager le charmant Cyril Hanouna qui enregistrera son émission "Les pieds dans le plat" pour Europe 1 le 1er mars de 10h à midi. Ou apprendre à réaliser un reportage de dix minutes dans les ateliers de création de France Info. Quand ? Samedi 27, dimanche 28 février et dimanche 6 mars de 10h30 à 17h30. Où ? Pavillon 4, allée B 89 sur le stand de la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole / Studio atelier France Info.

- Encourager les jeunes bergers lors de la 11e édition des Ovinpiades, soit 28 bergers de toute la France qui concourront au titre de « meilleurs bergers 2016 » avec des épreuves pratiques et théoriques (comme reconnaître dix races de moutons ou trier des brebis). Le gagnant recevra le titre de « Meilleur Jeune Berger de France » et gagnera une agnelle pure race. Quand ? Samedi 27 février de 9h à 17h. Où ? Pavillon 1. Stand Hall 1 - Ring Ovins.

- Manger des fleurs. Vous vous êtes goinfré de cochonnailles pendant tout le week-end et vous vous sentez sale. Faites une pause et mangez des fleurs. Les producteurs du Loiret vous prouveront à l’aide de démonstrations culinaires sucrées et salées que les fleurs se dégustent et que ça peut même être bon. Quand ? Samedi 5 mars de 9h à 19h. Où ? Pavillon 3. Stand E 038.

Quoi ? • Le Salon de l'Agriculture.
Quand ?  Du 27 février au 6 mars 2016 de 9h à 19h.
Où ? • Salon International de l’Agriculture, Paris Porte de Versailles, 1 place de la Porte de Versailles, Paris 15e.

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