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Eros Hugo : Entre pudeur et excès

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Quand désir sexuel et puissance créatrice nourrissent le génie de Victor Hugo.

Victor Hugo, c'est l'incarnation même du génie créateur, prophète à ses heures, esprit de la Modernité, de tous les combats, depuis la bataille romantique de 1830 à la critique du petit Napoléon qui lui valut l'exil en terre britannique, sur l'île de Guernesey. Grande figure de son époque, il eut une vie sexuelle foisonnante, de nombreuses maîtresses dont Juliette Drouet est la plus fameuse, menait une existence de mondain, était de tous les bals de la capitale… Cet aspect de sa biographie revient sans cesse. Mais qu’en est-il de la sexualité dans son œuvre ? Pas grand-chose. Il n'apparaît pas dans le ‘Dictionnaire érotique’. En 1954, le critique d'art Henri Guillemin publie ‘Victor Hugo et la sexualité’, cherchant l'allusion érotique dans ses écrits. Mais il y a peu, très peu. Ou pas immédiatement accessible. C'est à ce paradoxe que s'est attaqué la Maison de Victor Hugo avec une délicatesse et une intelligence bienvenues pour ce genre de sujet « compliqué et glissant », comme le reconnaît Vincent Gille, le commissaire de l'exposition.

Le parcours chronologique de l’exposition s'estompe dans le portrait d'un XIXe siècle érotique qui s'expose sans fard, bien que contrarié par la censure et la morale, dans les gravures pornographiques d'artistes anonymes.

On apprend que l’une des deux seules scènes de sexe dans l'œuvre de Victor Hugo est celle entre Esméralda et Phœbus, et qu’elle contraste par sa violence avec les intentions d’un auteur chaste qui se réserve pour sa fiancée Adèle Foucher. « Ô Adèle, je conserverai comme toi, sois-en sûre, jusqu'à la nuit enchanteresse de nos noces, mon heureuse ignorance », lui écrit-il le 28 août 1822. Mais ces belles paroles ne protégeront pas un mariage qui verra Adèle tomber rapidement dans les bras de Sainte-Beuve, et Victor Hugo dans le lit de Juliette Drouet et le tourbillon de la mondanité. Ses déclarations à ses maîtresses, dont une qu'il dispute à son propre fils (« Vous dites que vous aimez mon père avec toute votre âme. Que me restera-t-il donc à moi ? », écrit Charles Hugo à Alice Ozy), sont accompagnées de tableaux de nus de Théodore Chassériau et de Jean-Auguste-Dominique Ingres, de diffusions d'extraits de pièces de théâtre où se jouent les rapports incestueux de ‘Lucrèce Borgia’ et de lectures de passages des textes de l'écrivain à écouter confortablement assis sur un canapé, installé comme dans un boudoir. La femme est célébrée dans les textes d'Hugo mais les amours sont chastes entre Cosette et Marius, ou sataniques entre Gwynplaine et la duchesse Josiane, et l'acte physique est toujours éludé.

Arrive enfin la figure du satyre, cette bête vile et sans retenue, métamorphosée en Pan tout puissant et créateur de tout dans le poème d'Hugo intitulé "Le Satyre" dans ‘La Légende des siècles’. L'écrivain devient ce satyre et l’on s’aperçoit que « cette puissance de l'éros passe dans son œuvre au-delà d'une simple trivialité sexuelle. » Hugo incarne la création et rejoint, dans la dernière salle, le sculpteur Auguste Rodin à la même carrure de démiurge. Celui-ci réalise une étude du poète nu, point d'orgue du parcours. A ses côtés, sont exposés des aquarelles de femmes au sexe exposé et l'œuvre ‘Iris, messagère de dieux’, buste de femme aux jambes écartées, une sculpture de Rodin. 

Écrit par
Virginie Duchesne

Infos

Site Web de l'événement
maisonsvictorhugo.paris.fr
Adresse
Prix
7 €
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