En 1981, Pierre Cardin devient propriétaire du restaurant Maxim’s, le temple de la Belle Epoque, l'incarnation absolue de l’opulence des années 1900. Une vingtaine d’années plus tard, le couturier érige dans les étages de l’établissement un musée à l’honneur de son violon d’Ingres : l’art nouveau. Il y réunit les quelque 550 œuvres d’art, objets de luxe et pièces de mobilier issus d’une collection qu’il peaufine depuis l’âge de 18 ans.
La mise en scène, tout en bronzes alambiqués, en marqueterie baroque et en luminaires rococo, évoque les appartements d’une courtisane du XIXe siècle. On est catapulté au cœur du Paris lascif et molletonné de la Nana de Zola, où les vases esquissent des courbes de nymphes et où les lits sont incrustés de fleurs d’opium.
Ici, des naïades sculptées dans l’éclat exubérant de la faïence se prélassent au pied d’une commode Majorelle. Là, des soupières de Gustave Eiffel savourent le doux souvenir d’un bouillon de tortue. Ailleurs, une lampe de chez Tiffany’s éclaire un univers de satin et de velours, illuminant avec grâce ce voyage grisant dans le temps.