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DECORATION DES QUAIS DE CROIX ROUGE PAR GUY ANTOINE BONHOMME
© GAILLARD Gilbert

Les stations fantômes du métro parisien

Les 11 stations du métro parisien qui ne rencontrent jamais de voyageurs

Écrit par
Charline Lecarpentier
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Vous avez un peu plus de chance de les voir au cinéma que pour de vrai, ces onze stations fantômes du métro parisien, qui échappent aux yeux des possesseurs de carte Navigo comme de tickets t+. Dans ces stations fantômes, les araignées n'ont pas eu le temps de tisser leurs toiles puisqu'elles ont été pour la plupart reconverties en centres de maintenance ou de formation, mais aussi d’accueil de jour de l’Armée du Salut. Les stations ne sont pas ouvertes aux curieux, à l’exception de la station de tournage des Lilas où des visites sont parfois organisées. La sécurité du public l’explique en grande partie : ces stations désaffectées sont considérées comme des voies ferrées en exploitation, nous rappelle la RATP, elles sont donc soumises à une réglementation « particulièrement drastique ».  En voici donc la visite sans risques de s'électrocuter, en rails !

 Voir aussi : Les 10 stations de métro où personne ne va

 Les stations fermées après avoir été exploitées
© Denis Sutton

Les stations fermées après avoir été exploitées

Ces stations ont été mises à la retraite après de (pas toujours assez) bons et loyaux services mais n’ont pas toujours été laissées au repos. Il s’agit de stations dont le trafic avait été surestimé ou que la modification du réseau a trop désengorgées.

Porte des Lilas (lignes 7bis et 3bis)

Située sur ce qui la ligne 3ter qui n’a jamais pu exister ou avoir sa propre couleur, elle a subi le même destin que la station Haxo mais a été exploitée jusqu'en 1939 avec une navette Pré-Saint-Gervais - Porte des Lilas sur l'une des deux voies (voie navette). Elle sert actuellement à des tournages de films.

Croix-Rouge (ligne 10)

Mise en service en 1923, elle était l’ancien terminus de la première ligne 10 qui la reliait à Invalides. En 1937, la ligne 10 a abandonné la direction d’Invalides pour se raccorder à l’ancienne ligne 8 (qui est l’actuelle ligne 9, suivez un peu !) qui venait d’Auteuil pour terminer à Invalides aussi. Deux ans plus tard, plus personne n’y poinçonne son ticket.

La station est transformée en 1983 en plage par l’artiste Guy-Antoine Bonhomme pour divertir (ou faire bisquer ?) les Parisiens qui la traversent. 

Champ de Mars (ligne 8)

Trop proche de La Motte-Picquet - Grenelle desservie par trois lignes, elle a été fermée le 2 septembre 1939. Elle ne connaîtra jamais les perches selfie des touristes approchant la Tour Eiffel et est aujourd’hui remplie d’équipements techniques. 

Saint-Martin (lignes 8 et 9)

Elle fait partie de ces stations qui tracent leurs routes sur les lignes 8 et 9 entre Richelieu-Drouot et République et a servi de 1932 à 1939. Depuis, c’est à la fois un quai publicitaire, investi par exemple par Nissan, Nike, le film ‘Prometheus’, etc., et surtout un quai d’accueil de jour pour l’Armée du Salut, quai de la 8 qui a été muré et qui ne peut pas être vu par les passagers.

Arsenal (ligne 5)

Comme d’autres stations sommées de cesser de fonctionner au début de la Seconde Guerre mondiale faute de personnel, Arsenal n’a jamais rouvert, son quartier, entre Bastille et Quai de la Rapée, étant considéré comme peu actif. Elle sert de local technique mais restera dans les mémoires pour les fans de Bourvil puisqu’elle se trouve au cœur du film ‘La Grosse Caisse’, sorti en 1965. 

Martin Nadaud / Gambetta (ligne 3)

Ce fut l’ancien terminus de la ligne 3 de 1905 à 1921. En 1971, elle devient un couloir de la station Gambetta, ce qui est peut-être mieux que d’être mise au placard.

Gare du Nord (lignes 5 et 4)

La station la plus fréquentée a en fait été déplacée. Sa station fantôme est l’ancien terminus en boucle de l’ancienne ligne 5. L’ancienne Gare du Nord est désormais reconvertie en voies et salles d’instruction pour la formation des conducteurs de métro et des chefs de manœuvre.

Les stations jamais mises en service

Aucun tourniquet n'a tourné dans ces stations, mais des caméras, ça oui. Les usagers n'ont aucune chance de les voir dans les tunnels puisqu’elles sont hors du tracé des lignes du métro tel que nous le connaissons.

Haxo (lignes 7bis et 3bis)

En 1921, la ligne 3bis était prolongée jusqu’à la Porte des Lilas tandis que la 7bis reliait le Pré-Saint-Gervais à Opéra. Une courte ligne 3ter passant par Haxo a bien failli exister pour les raccorder. Mais l’idée a été rapidement abandonnée et l'existence de l’empereur François Nicolas Benoît Haxo ne sera pas rappelée à notre mémoire lors nos itinéraires RATP, la station étant désormais une voie d’essai ou de garage. Une ligne fantôme relie toutefois en l’espace de deux minutes et demie les stations Porte des Lilas et Haxo et c’est souvent là que les films situés dans des rames se tournent avec des wagons dédiés.

Porte Molitor (lignes 9 et 10)

Il semblait logique de relier les lignes 9 et 10 pour permettre aux trains de la 9 de desservir le Parc des Princes en passant Michel-Ange Auteuil, avant de revenir sur la 9 à Porte de Saint Cloud, mais le projet a été abandonné. La station, qui n’a pas eu le temps de se voir construire un accès, n’a jamais été mise en service et fait office de voie de garage.

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Les cas à part
DR

Les cas à part

Porte Maillot (ligne 1)

La première station porte Maillot a ouvert le 19 juillet 1900 a été déplacée en 1937 lors du prolongement de la ligne 1 à pont de Neuilly et sert désormais d’atelier de maintenance. 

Invalides (ligne 8)

Deux « quais morts indépendants » encadrent les stations de la 8. Ils avaient été conçus pour réaliser une circulaire intérieure mais le projet a été abandonné en 1922. En 1976, quand la ligne 13 a été raccordée à feue l’ancienne ligne 14, l’un des quais a été transformé pour l’exploitation de voyageurs et l’autre transformé pour accueillir le commandement de la ligne 13 et des locaux techniques.

Outre les stations ci-dessus que la RATP classe dans les stations fantômes, on trouve aussi le Sous-Marin : c’est le surnom donné par le personnel des aéroports de Paris à la station avortée devenue un entrepôt qui devait relier l’aéroport d’Orly à la capitale, nous laissant finalement en tête à tête avec un Orly-Val au prix aussi élevé qu’il est aérien.

Les politiques préfèrent aux wagons leurs vitres teintées mais ils se sont aussi penchés sur l’aura de ces stations fantômes
¢ Bruno Marguerite

Les politiques préfèrent aux wagons leurs vitres teintées mais ils se sont aussi penchés sur l’aura de ces stations fantômes

Nathalie Kosciusko-Morizet nous avait offert un « moment de grâce » en 2013 avec son projet de campagne visant la RATP. Elle avait fait appel à des architectes pour réhabiliter ces stations délaissées en piscine, club ou grande tablée. Le Parisien soulignait alors que la RATP n’était pas enchantée par cette idée et qu'elle avait grillagé les portes d’entrée de ces stations.

C’est d'ailleurs un (rare) sujet qui rassemble la gauche et la droite puisqu’un élu Front de Gauche, Jacques Baudrier, aussi administrateur au STIF, voudrait rouvrir la station Haxo pour créer un point de jonction entre les lignes 3bis et 7bis. La RATP, en revanche, insiste sur le fait rien n’est envisagé sur ce plan. 

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