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Raphaël, les dernières années

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L'exposition se clôt sur un tableau ô combien symbolique. Un autoportrait de Raphaël au crépuscule de sa vie, le visage serein, une main affectueusement posée sur l'épaule du jeune homme devant lui. Ce dernier lève vers le maître des yeux chargés de respect et d'admiration, tout en pointant du doigt, comme pour attirer son attention sur quelque chose. Qui est cet homme ? Jusqu'à présent, les versions divergeaient. Désormais, c’est officiel : ce tableau s’intitule 'L'Autoportrait avec Giulio Romano', du nom du meilleur élève de Raphaël. Celui qui le seconda dans son atelier, et qui fit preuve, aussi, d'une personnalité exubérante, au point d’être l’un des pionniers du maniérisme, cet art « à la manière » qu'il développa à la mort de son mentor.

A l'image de cette toile, l'exposition, centrée sur les dernières années de la vie de Raphaël alors installé à Rome (1513-1520), explore une période doublement cruciale. D'abord parce qu'elle concerne un artiste au sommet de son art. Les conservateurs ont réuni de nombreux chefs-d'œuvre du natif d'Urbino, comme la fameuse Vierge à l'enfant avec sainte Anne et saint Jean-Baptiste, surnommée par le roi d'Espagne Philippe IV « la perle », des scènes religieuses peuplées d'angelots à la chair moelleuse ou des portraits aux tons gris et taupe, dans lesquels la perfection technique de Raphaël (les cheveux peints un par un, la texture des vêtements…) atteint une grâce inégalable.

Mais cette période recèle aussi beaucoup d'incertitudes. Submergé par les commandes (tableaux de chevalet, fresques monumentales du Vatican, sans parler de ses chantiers d'architecte), Raphaël se repose sur son atelier, véritable petite usine à tableaux. Difficile de savoir quelles toiles il exécute réellement, tandis que deux de ses assistants prennent une place de plus en plus prépondérante dans son travail : Gianfrancesco Penni, fidèle et appliqué, et surtout l'ambitieux Giulio Romano donc, l'élève prodige qui n'hésite pas à apporter sa touche personnelle aux œuvres signées par Raphaël.

Au fil d'un parcours méticuleux et intelligemment documenté, l'exposition casse l'image du génie solitaire pour se pencher sur la manière dont le peintre interagissait avec ses disciples. Elle met en lumière la contribution de ces derniers et le contrôle que Raphaël exerçait sur l'ensemble de ces petites mains, dans un équilibre qui inspirera les ateliers du XVIIe siècle. Confrontant directement les œuvres du maître et celles de ses épigones, puisque la partie consacrée à Romano fonctionne presque comme une exposition dans l'exposition, 'Raphaël, les dernières années' saisit ce moment de glissement subtil, de la continuation à l’émancipation. On comprend alors qu’au-delà du rapport maître/élève, 'L'Autoportrait avec Giulio Romano' saisit l'amitié que partagent deux artistes, dont la complicité écrivit une page fondatrice de l'art européen.

> Horaires : tous les jours sauf le mardi, de 9h à 17h45 / le mercredi et le vendredi jusqu’à 21h45

Infos

Site Web de l'événement
www.louvre.fr
Adresse
Prix
12 €
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