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Camille Aumont-Carnel
© khalifaababacar

Camille Aumont Carnel, influenceuse militante

À seulement 26 ans, l'influenceuse féministe a déjà plus d’un hashtag à son arc, de son engagement pour un discours décomplexé autour de la sexualité à sa lutte contre les violences sexistes et sexuelles en cuisine.

Écrit par
Christelle Murhula
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Time Out Paris a décidé de mettre les pleins phares sur le parcours de Parisiennes engagées pour leur émancipation. Dans sa série "Paris est une Femme", vous découvrirez des cheffes, musiciennes ou encore metteuses en scène qui défient le poing levé les normes et les oppressions qui régissent les différents milieux professionnels. Hasta la parité siempre !

Une “lanceuse d’alerte”, féministe depuis toujours, martèle-t-elle dès les premières minutes de notre entretien quand on lui demande de se définir. Elle, c’est Camille Aumont Carnel, et à 26 ans, elle affiche un CV impressionnant : auteure, entrepreneure, mannequin, chroniqueuse à la télé et influenceuse sur le web avec les comptes Instagram @jemenbatsleclito et @jedisnonchef. Leurs credos ? Décomplexer les discours sur la sexualité féminine et lutter contre les violences racistes, sexistes et sexuelles en cuisine. Accrochez-vous, une bourrasque s’apprête à bousculer votre feed. 

Elle s’en bat le clito

Pour trouver trace de son éclosion numérique, remontons un bon quinquennat en arrière. “À 17 ans, je voulais autant être cheffe cuisinière que ministre de l’Egalité homme-femme. Je voulais entrer à Sciences Po Paris et à l’école Ferrandi.” Elle opte pour la seconde, dont elle sort diplômée en 2018. Illico, elle lance son premier compte Instagram, @jemenbatsleclito, avec une idée en tête : parler de sexualité féminine et de santé sexuelle sans tabou, en publiant des témoignages. “On était en pleine révolution sexuelle à coups de hashtags sur les réseaux sociaux. Je voulais qu’on se réapproprie la langue mais aussi nos corps.” Elle tire dans le mille, le compte est aujourd’hui pas loin du cap des 700 000 abonnés. 

Elle dit non chef

Côté travail, elle enchaîne les très belles tables comme l’Arpège d’Alain Passard ou le Chiberta de Guy Savoy. Sauf que dans des adresses dorées sur tranche, elle se heurte au sexisme, subit des discriminations liées à son genre et à sa couleur de peau. “En plus de ça, des potes me racontaient des dingueries sur ce qui leur arrivait, hallucine-t-elle. Encore aujourd’hui, je digère ce qui a pu m’arriver en école ou en cuisine. Je voulais que la peur change de camp. Dire aux agresseurs : vous pensiez que vous étiez intouchables ? On arrive.” Alors, pas le choix, faut y aller (comme dirait l’autre) : elle bombarde et crée, dans le sillage de son premier compte, @jedisnonchef, qui recense des témoignages de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles en cuisine. Au bout de trois publications, le compte récolte plus de 50 témoignages. “Maintenant, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.” 

Camille Aumont-Carnel
© khalifaababacar

 L’engagement dans le subconscient

Hyperactive, Camille Aumont Carnel ? C’est en moi depuis que je suis née, comme un instinct de survie.” Et dans sa bouche, ce n’est pas une métaphore. Née en décembre 1996 au Niger, elle est déposée dans un orphelinat de Niamey, où elle est la seule fille. Survivre, elle sait faire. La suite, c’est l’éducation “hors norme” donnée par ses parents adoptifs français. Sa mère diplomate voyage beaucoup, trimballant la famille entre Madagascar, le Niger et la France. Son père, lui, reste au foyer. “Pour moi, ça n’a jamais été maman à la maison et papa au travail, mais plutôt le contraire. C’était ma norme.” Ce dernier, souvent aux fourneaux, lui donne le goût pour la cuisine. “À 8 ans, je voulais être cheffe. À 12 ans, je voulais être la première cheffe noire étoilée au Guide Michelin.” L'ambition et l’énergie pour bousculer les codes, les prémices de la bourrasque Camille Aumont Carnel, étaient là. “Je compte bien continuer à dénoncer le sexisme dans tous les milieux qui me sont familiers !” Son passage dans votre fil Insta ne fait que commencer !

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