A la mode, le tatouage ? Oui, mais (presque) depuis toujours. C'est ce que tente en tout cas de démontrer la superbe anthologie 'Forever : The New Tattoo'. Un beau-livre - comme on dit - reconnaissable entre mille à sa couverture blanche et bleue.
Des portraits des tatoueurs du monde entier, des clichés de corps recouverts de lignes bleu marine, des citations d'artistes, des repères historiques... Une bible pour tous ceux qui vouent un culte à l'encre et à son sillon éternel. Et une bonne occasion de mettre à mort quelques préjugés tenaces. Le tatouage, un art subversif pratiqué chez les camés, les taulards et les rebus de la société ? Pas en Angleterre en tout cas, où le tattoo se pratiquait jusque dans la très royale cour du roi Edward VII. Derrière le dermographe, le Britannique Sutherland Macdonald laissait ainsi son sceau sur les peaux les plus célèbres du pays. Aujourd'hui, le Français Guy le Tatooer expose même son travail dans des galeries d'art.
Page après page, on se familiarise avec les styles les plus différents, les influences les plus diverses et des visions artistiques parfois diamétralement opposées. Rétro, noir et blanc, tribal ou maori. Expérimentation et rébellion. Les multiples visages du tatouage reflètent un art qui s'écrit au gré des personnalités, qui évolue selon les mentalités. On appréciera autant le contenu historique et social que les nombreuses anecdotes égrenées au fur et à mesure de l'ouvrage. On apprend ainsi que Yann Back doit son style minimal et graphique au film 'Le Roi et l'Oiseau', comment Jonas Nyberg est devenu Jonas Uggli ou encore que Mike Giant n'aime dessiner qu'après une longue balade en vélo. Un livre sur des artistes, à propos de rencontres, et c'est finalement ça, l'histoire du tattoo.
'Forever: The New Tattoo' de Robert Klanten et Floyd Schulze.
Editions Gestalten. 2012.
256 pages, texte en anglais. 40 €