Swan

Après ‘La Confidence des oiseaux’, Luc Petton renoue avec ses amours ornithologiques dans ‘Swan’, une fresque novatrice et poétique. Sensible à la grâce majestueuse des animaux ailés, le chorégraphe avait déjà convié sur scène les petits gabarits que sont les geais, les pies, les corneilles et les étourneaux. Cette fois-ci, il invite des cygnes, et la symbolique en est d’autant plus forte. Oiseaux de référence dans le monde de la danse, ils portent en eux l’ambivalence de la pesanteur et de la légèreté aérienne.
Désireux d’approfondir le concept de « zooësis » (un néologisme composé de « zoologie » et de « poésie »), Petton place sa démarche « sous le signe du laisser-être » : la liberté de mouvement des oiseaux est primordiale, et les interprètes s’accordent, improvisent et communiquent avec eux grâce à un vocabulaire gestuel intuitif et organique.
Différents espaces apparaissent : une sorte de bulle-baignoire transparente où une danseuse batifole avec un cygne noir et un bassin prenant toute la largeur du fond de scène, où voguent danseuses et cygnes blancs dans un ballet aquatique et lascif.
S’il ne s’agit pas de dressage à proprement parler, les volatiles sont en contact depuis leur éclosion avec le chorégraphe et les danseuses, afin de favoriser la proximité entre animaux et humains. La musique de Xavier Rosselle, placé en hauteur à côté du plateau dans ce qui s’apparente à une cage, interagit avec la scène. A titre d’exemple, ce petit clin d’œil comique : un son d’accordéon lorsqu’un cygne déploie et bat des ailes.
Floutant les limites entre les éléments terre, air et eau, et interrogeant le rapport entre l’homme et l’animal, Petton réalise une œuvre sans égal, hybride, à la portée esthétique et philosophique universelle.