De la musique sans partition, ni musiciens, ni instrument ? Voilà du Pierre Henry. Musicien fils de l'électricité et du microphone, il est à 85 ans un des fondateurs de la musique électroacoustique. Père spirituel de tout DJ et des adeptes de l'expérimentation sonore, ce percussionniste de formation crée son premier opéra concret en 1951. Huit ans plus tard, il fonde le premier studio d'enregistrement indépendant de France.
Sa spécialité ? La musique concrète. Version mélodique de l'art contemporain, le son pur est accentué, étiré ou déformé et prend le dessus sur l'agencement harmonieux des notes, comme le grain de peinture a pris le pas sur l'art figuratif. Si les œuvres ne sont pas toujours douces à l'oreille, ne criez pas pour autant à l'escroquerie musicale. Les compositions de Pierre Henry sont une sorte de reconquête humaine des sons, dans tout ce qu'ils ont d'organique. Leurs densités, leurs formes, leurs mouvements créent une atmosphère propice à l'introspection ou à la projection sur un autre support, comme le cinéma par exemple.
La Cité de la musique nous propose ici une sorte d'autobiographie musicale, une composition ou plutôt recomposition des états d'âme sonores de cet homme qui dit détester les compositeurs. Gommer le conditionnement culturel nécessaire à l'écoute musicale, nier l'instrument, médiateur inutile qui sépare le public de l'évènement qu'est un son, voilà le projet de toute une vie de recherche.