De nombreux Parisiens endimanchés s’attroupent devant la porte du théâtre Marigny. Il est 21h sur les Champs-Elysées et des effluves de parfums capiteux s’échappent des vestes en tweed et des brushings soignés. Il faut dire qu’à plus de 50 euros la place, vous imaginez bien que l’on vient tiré à quatre épingles.
Puis la lumière de la salle s’éteint, Leïla Bekhti apparaît derrière le lourd rideau rouge et le spectacle peut commencer. Au cœur de l’histoire, une intrigue abracadabrantesque : Edouard Baer a été prié par le ministère des Affaires étrangères de mettre en scène un spectacle sur la France, en ouverture du G20. Evidemment l’échéance arrive à sa fin, et la pièce de théâtre est à peine ébauchée. Si le procédé de mise en abyme de la représentation n’a rien de très nouveau, celui de convoquer sur scène une femme de ménage déçue, un dresseur de chat et un cyclope barbu l’est en revanche un peu plus. On ne pourra reprocher à Edouard Baer – séduisant mais aussi envahissant dans son rôle de monsieur Loyal inefficace, laissant peu de place aux autres personnages – son sens truculent du casting ; exception faite de Sophia (Leïla Bekhti et sa voix de velours), aucun personnage n’est tout à fait raisonnable dans cette comédie loufoque. Et c’est peut-être justement le manque de cohérence, l’excès de farfelu qui rend la pièce agréable mais si peu substantielle. Les blagues s’enchaînent, les sketchs se suivent, les décors changent mais l’histoire ne prend pas, et l’on peine à trouver du sens à ce spectacle. Au final, on rit parfois, on s’ennuie souvent.