‘Les Contes d'Hoffmann’ est probablement l'opéra français le plus représenté à l'étranger. L'œuvre d'Offenbach est cette année à l'honneur à Bastille. Aller découvrir son univers sombre et fantastique est en quelque sorte un privilège, puisque son auteur lui-même, décédé quatre mois avant la réalisation de l'opéra, n'aura pu l'apprécier. Une belle réhabilitation de ce franco-allemand, rejeté des deux côtés du Rhin lors de la guerre de 1870.
Place des sentiments amoureux et de la séduction, rôle de la science et de l'art sont autant de sujets qui traversent l'opéra. Le violoncelliste Offenbach donne une large place aux cordes et les chants troubles et enjoués à la fois, donnent une certaine ivresse à l'écoute. Comment ne pas se laisser embarquer par la célèbre barcarolle de l'acte IV, reprise dans ‘La vie est belle’ par Roberto Benigni. Largement inspiré de l'univers romantique allemand, mais rassurez-vous en français, l'opéra dessine la vie d'un poète amoureux de trois figures féminines, dont celle de la courtisane. Jusqu'ici rien d'original. Pourtant, l'apparition d'un charlatan et de lunettes magiques commencent à compliquer l'affaire, car les binocles donnent l'illusion de vie à une femme-robot. Entre fiction et réalité de la scène, un acte est dédié à l'apparition d'une cantatrice tiraillée par le dilemme de l'artiste : chanter et mourir ou vivre sans chanter.
Cette œuvre contraste avec le style « opéra-bouffe » qu'Offenbach avait développé pour se moquer des faiblesses humaines. Curieux musicien que cet Offenbach. Directeur musical de la Comédie-Française, et créateur du théâtre des Bouffes du Nord, mauvais gestionnaire notoire, il aura dû faire une tournée aux « States » pour rembourser ses dettes.