A l’origine, il était Don Quichotte, personnage quasi mythologique, héros médiéval et rêveur idéaliste. Point de départ du projet 'Diario utópico', le roman de Cervantès n’est pas tant exploité dans sa linéarité que comme un prétexte au collectif Motus pour aborder l’héritage diégétique de l’hidalgo utopiste. « Comment saisir le réel comme fable, et le refigurer sans cesse, pour pouvoir y respirer » questionne Jérôme Game.
Ensemble indépendant né au milieu des années 1990, Motus s’emploie à expérimenter les arts sonores sur tous les territoires possibles. Célèbres pour leurs acousmoniums (« orchestre » de hauts-parleurs électro-acoustiques), les membres du collectif s’associent ici au metteur en scène Cyril Teste et au performeur Jérôme Game. L’art dramatique se mêle à la vidéo, à la haute technologie et à la musique acousmatique pour une expérience inédite. Migraineux et narcoleptiques s'abstenir. La petite salle de la Gaîté Lyrique semble alors l'écrin parfait. Salle multimédia par excellence, tapissée d'écrans et au système sonore impeccable, elle épouse la mise en scène audiovisuelle à la perfection, comme si le spectacle avait été créé pour le lieu plutôt que le contraire.
Cependant, même si la performance charme sur bien des points (la pertinence du texte, le flow du performeur, l'harmonie musicale), le tout s'étire en longueur. Alors oui, c'est beau, intelligent et original, mais dans le noir enveloppé de sons aigus et de frottements de coquillages, on s'ennuie parfois.