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La Petite Fille de Monsieur Linh

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Time Out dit

C’est dans une salle minuscule, sorte de petit salon réaménagé en espace théâtral, que l’on rentre timidement. Sur scène, trois panneaux blancs, un banc et une bougie dans une cage à oiseaux. Il est 21h, les lumières s’éteignent et le spectacle commence. Une femme apparaît alors en transparence, seule, la voix grave. On devine rapidement qu’il n’y aura pas d’autres personnages, et qu’elle sera l’unique porte-parole des différentes voix de l’histoire, celles de Monsieur Linh, exilé vietnamien accompagné de sa petite fille, de Monsieur Bark et de la femme en charge des immigrés. Trois personnages pour une même comédienne, n’est-ce pas trop demander ? Sans surprise, elle se met à raconter simplement l’histoire, en oublie de jouer, et se laisse même aller à une gestuelle caricaturale, façon pour elle de distinguer les différents rôles qu’elle habite (pour la vieille femme, une posture exagérément courbée, par exemple). Le récit s’en trouve d’autant plus ralenti qu’elle s’aide d’une sorte de cahier dans lequel se trouvent collées la plupart de ses répliques. La beauté du roman de Philippe Claudel est cependant indéniable : il y est question de la difficile adaptation d’un étranger dans un pays dont il ne comprend pas la langue, mais aussi d’amitié, avec Monsieur Bark, relation d’autant plus belle qu’elle se passe de mots, faute de pouvoir en avoir.

Une fable des plus touchantes, si elle n’était pas vidée de toute émotion par la mise en scène, qui la parasite de petites trouvailles scéniques complètement alambiquées. Celle-ci est notamment entrecoupée de passages lus par une voix d’enfant préenregistrée, qui, en cherchant à apporter une touche d’humanité, ne réussissent qu’à nous exaspérer. Ces petits éléments, peu nombreux pourtant, donnent l’impression que la mise en scène a seulement consisté en une accumulation d'idées plaquées sur le texte. Difficile d’y trouver cohérence et signification, tant on pourrait penser que le spectacle qui nous est présenté est resté au stade embryonnaire. Très vite, on se lasse de si peu de relief : la voix grave, au début agréable, finit par agacer, l’histoire elle-même ne prend plus et la chute s'en trouve sacrifiée. La forme du roman serait-elle la seule option envisageable pour ce texte ? Cette adaptation théâtrale aurait, en tout cas, demandé plus d’audace et de créativité.

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20 €
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